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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 00:19

anniversaires 3252 

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 00:06

forum 407892 9[1]

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 00:02

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 00:51

lechat01[1]-copie-1

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 00:58

anniversaire-L-2[1]

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 19:53

L’ultratrail est un sport dangereux : il crée une forte dépendance au bonheur.  L’ultratrail n’est pas un sport difficile : les moments durs ne laissent pas de traces,  nos souvenirs de courses se nourrissent de flashs de plaisir, d’images superbes ou surprenantes.

Ce n’est pas ce Tour de l’Oisans et des Ecrins qui fera exception ! Pourtant tout a été fait pour nous dégoûter : 180 km (au moins !), 12000m de D+ (au moins !), pluie, orages, brouillard, vent, pas de balisage, …

Les amis Ultrafondus et kikoureurs (du forum kikourou.net) sont venus nombreux pour cette édition non-stop unique à l’occasion du 20ème anniversaire du défi de l’Oisans. L’ambiance est chaleureuse parmi ces coureurs souvent très expérimentés qui se retrouvent depuis plusieurs années à l’occasion des grands rendez-vous du calendrier.

Pour ma part, il y a longtemps que je n’ai pas terminé un gros ultra suite à deux années de galère niveau blessures, mais mes derniers entraînements m’indiquent une forme ascendante (pour ceux qui suivent, dans le numéro XX d’Ultrafondus, j’indiquais que je me lançais dans un nouveau programme de perte de poids, objectif atteint avec 22 kg perdus en 4 mois, d’où la bonne forme à l’entraînement !). J’ai donc hâte de confronter ces bonnes sensations à la réalité de la course.

Seulement, sur ce TOE, il faut que la motivation survive au briefing donné par Arnaud, l’organisateur la veille du départ !! Lui et Brigitte, la responsable médicale de la course mettent le paquet dans leurs recommandations pour qu’on ne s’engage pas à la légère sur ce gros morceau ! Arnaud rappelle que mis à part quelques rares endroits, le parcours n’est pas balisé et qu’il faudra pour se diriger s’appuyer sur un GPS obligatoire et sur le balisage du GR. Ce qu’il ne dit pas, c’est que le balisage du GR est particulièrement light, et en particulier de nuit, ceci aura une certaine importance.

Sur la ligne de départ, les visages sont souriants mais dissimulent avec peine une certaine inquiétude devant le programme proposé. La météo annoncée est moyenne : pluie et froid jusque dans l’après-midi et ensuite çà s’améliore …

Il ne pleut pourtant pas quand nous nous élançons pour une première descente. La tête de course attaque fort, je me cale à mon habitude en deuxième partie de peloton, préférant doubler qu’être doublé ! En plus je suis un peu intimidé devant ce qui nous attend.

Avec une trentaine d’ultras terminés, je ne retrouve que rarement cet état particulier d’excitation liée à l’incertitude devant la tâche à effectuer que je ressentais au début. A cet égard, le TOE me redonne ce goût épicé avec sa part d’inconnu. Quel plaisir !!

Cette première descente, tranquille, est l’occasion de discuter avec les uns ou les autres, c’est fort sympathique. Même si je suis plutôt un descendeur, je ne donne pas tout à ce moment car il faudra continuer à descendre en courant avec 12000m de d- dans les jambes !

Dans la première montée, la pluie annoncée arrive, fine et froide, les coupe-vent sont de sortie. Je suis surpris de finir la montée en rattrapant Fabrice puis Eric, habituellement bien loin devant moi. Premier signe que je dois aller plutôt bien. Je trouve l’ambiance amicale, ça discute pas mal, des petits groupes se forment, les bénévoles mettent l’ambiance … Je me sens bien, je me trouve à courir sur des portions où d’habitude je marche, je reste avec Fabrice, un bon pote avec lequel nous avons déjà bouclé ensemble un GR73 et le premier trail des Aiguilles Rouges. La pluie n’est pas encore trop gênante. Seul bémol, les paysages sont invisibles, l’horizon étant  très bouché.

Passé le col de Sarenne, alors que la pluie s’intensifie, j’entame ma première descente, avec beaucoup de concentration car le terrain détrempé est piégeux et que ma glisse n’est pas au point. Je me retrouve seul et commence à entrer dans ma bulle.  J’aime ce moment de rendez-vous avec soi-même. Même si j’apprécie les échanges lors des ultras, surtout avant et après, il m’est important d’avoir de longs moments d’ introspection . Ils me permettent d’écouter mon corps et de régler tous les paramètres mis en jeu dans ce genre de course, les allures, l’alimentation, l’hydratation, l’orientation (à chaque fois que je fais une erreur en course, c’est que je suis en train de discuter …), l’équipement  et la motivation.

J’entame une des nombreuses parties sur route, qui contrastent avec le caractère souvent très sauvage de la plupart des cols. Cette route vient buter contre un vrai mur où serpente un sentier où s’échinent cinq / six coureurs courbés sous la violence de l’effort. C’est le dernier avant d’arriver au 2ème ravitaillement où j’ai le plaisir de croiser quelques têtes connues dont Alice, ma femme qui, avant de se muer en pacer pour un autre Olivier, joue un rôle plus habituel de supporter. J’adore ces moments de retour à la civilisation et aux personnes aimées qui contrastent avec les moments de solitude sur le parcours. J’y passe même toujours un peu trop de temps !

Alice m’indique que je serais classé dans les 40 premiers, ce qui m’étonne, je me croyais plutôt dans les 100 ! Cela me booste et malgré la pluie, je repars l’air joyeux ! Direction le plateau d’Emparis et sa fameuse vue de la face nord de la Meije …. Qu’on ne devine même pas sous les nuages. Le parcours est de plus en plus imbibé et nous traversons de longues flaques d’eau glacée. Les pieds sont sans arrêt trempés et frigorifiés. Après une longue montée, nous arrivons sur le plateau qui normalement serait propice aux relances, mais la météo rend la motivation pour ce faire assez incertaine. Seule la présence d’autres coureurs devant et derrière me pousse à alterner course et marche.

Bon an mal an, je gratte quelques rares places. L’absence quasi-totale de paysages me conduit à investir plus que d’habitude dans l’approche « compétition », d’autant qu’il est rare que je sois si bien placé aussi tôt dans la course … et que je sois aussi confortable dans les allures utilisées. La descente sur La Grave se poursuit alors que la pluie confine au déluge. J’ai froid, je suis trempé malgré ma veste de montagne, le paysage est gris. Seul l’enthousiasme des bénévoles et des quelques spectateurs donne un peu de chaleur. Et seul le plaisir de l’effort voire la compétition me font avancer, tant autrement je serais mieux au chaud à siroter un Coca et manger une bonne crêpe.

A la Grave, je retrouve Yannick, Val et Sylvain que j’imaginais bien loin devant moi. Je me pince, mais je dois me rendre à l’évidence, je suis bien en compagnie de coureurs qui d’habitude sont à l’avant. Ma forme est bonne et je me sens super bien. Comme partout, les bénévoles sont aux petits soins et ils rendent difficile la sortie du petit bâtiment où on se sent tellement mieux que sous les trombes d’eau qui s’abattent sur les pauvres coureurs !

En compagnie de Yannick, j’avale en courant presqu’intégralement les longs plats et faux-plats qui nous conduisent au pied de l’Alpe de Villar d’Arêne. La pluie a cessé, le sentier est très beau, je vis ce moment comme une accalmie. Le fait d’être à deux me pousse un peu aux fesses, et çà déroule à bonne vitesse. Dans la montée de l’Alpe, je lâche Yannick, Val et rattrape plusieurs coureurs. Les sensations sont incroyables. Je monte sans avoir besoin de souffler … et ma montre m’indique que je dépasse les 1000 m/h. A ce moment-là je bénis la perte de poids et mine de rien, un entraînement  nouveau pour moi et improvisé car il répondait uniquement au besoin de brûler des calories et d’épargner mes articulations : le vélo elliptique à fortes doses.

Aux abords du refuge, le vent qui vient des sommets avoisinants s’engouffre dans le col d’Arsine et vient nous frigorifier à nouveau. L’humidité est omni-présente. J’ai un peu peur que la descente soit glissante … et je n’aime pas ça ! Au final, celle-ci se passera bien et le passage en fond de vallée pour rejoindre Le Monêtier est l’occasion d’un petit regroupement avec en particulier Sylvain le globe-coureur et val. Un coureur, habitué du défi de l’Oisans, m’indique qu’il compte dormir à Vallouise pour attendre le jour pour franchir le col de l’Aup-Martin, point culminant de la course, qu’il me décrit d’une manière assez abominable. Cette description trottera dans ma tête à tel point que une certaine angoisse s’installe et ne me quittera qu’après son franchissement. Celui-ci m’est annoncé pentu, étroit, glissant, en dévers et peut-être sous la neige. Beau tableau !!

A la base-vie de Monêtier, j’ai le plaisir de retrouver Alice et mes 2 garçons qui m’aident à m’organiser pour réduire ma perte de temps. Mais une tension est apparue sur mon releveur gauche et avisant un stand kiné sans file d’attente, je m’octroie un petit massage préventif pour éviter la courante tendinite du jambier antérieur. Les visages paraissent marqués après une journée quasi-entière sur les sentiers. Michel Cercueil est là, m’apprenant son abandon. J’apprends aussi celui de Philippe, un pote qui courrait pour le podium : il s’est fait une entorse très rapidement. Mathias est là aussi, dossard rendu. Ça sent le mouroir, ici !!  Je reste une bonne heure, et repars plein d’allant pour tailler encore la route avant la tombée de la nuit. D’autant que j’aimerais passer le col de l’Eychauda de jour, car là-haut, le tracé des pistes de ski rend l’orientation bien délicate.

Je repars au niveau d’Etienne et des 2ème et 3ème femmes dont je constate qu’elles n’ont pas lourd à porter et qui semblent animées d’un mental en acier tout en arborant un sourire quasi permanent. Bref la panoplie idéale pour jouer les premiers rôles.

Le début de la montée est agréable, je n’ai pas froid et le sous-bois est sympa. S’il ne pleut presque plus, le moindre coup de vent  fait tomber des gouttes des arbres et la moindre traversée de végétation me trempe les pieds et les jambes. Le calme qui précède la tombée de la nuit est impressionnant. J’accélère un peu le pas pour profiter des dernières lueurs. Quand j’arrive aux pentes précédant le col, je me satisfais d’avoir fait l’effort, car effectivement, l’orientation sera bien délicate d’ici quelques dizaines de minutes, avec l’obscurité. Par contre, passer de jour présente l’inconvénient que l’on peut voir combien l’industrie du ski peut être une catastrophe au niveau des paysages !

La longue descente vers Vallouise se passe bien et l’arrivée de la nuit se fait quasiment quand je prends pied sur les premiers mètres de la longue portion de route qu’il faudra suivre jusqu’au pied de l’Aup Martin.

Dans les villages ou hameaux, le peu de balisage mis en place est souvent insuffisant pour effacer tout doute quant à l’orientation. Heureusement, à cette heure, dans Vallouise, il y a du monde pour m’orienter. La base-vie de Vallouise grouille de monde et ceux qui avaient fait le choix de dormir ici le regretteront souvent, car leur sommeil n’y aura pas été de bonne qualité.

Moi je reste 50 minutes environ, le temps de refaire les niveaux. Au moment de partir en petit groupe pour s’aider dans cette grosse partie nocturne, Martine, première féminine, me demande si elle peut se joindre à nous. Ainsi, c’est à 5 que nous repartons dans la nuit. Cette très longue partie de route, de nuit, en légère montée ne me plait pas beaucoup surtout qu’elle s’achève par un premier coup de mou pour moi. Une « tension intestinale » (!) me vide soudain de toute énergie. Il me faut m’asseoir pour ne pas tomber. Je suis obligé de laisser mes compagnons disparaître dans la nuit. Je m’arrête une vingtaine de minutes le temps de faire passer ce petit inconvénient, puis repars doucement pour remettre le corps en mouvement sans heurts. Je serre les fesses tant du fait de mes petits problèmes que du souvenir de la description dramatique qui m’a été faite de ce que je risque de trouver là-haut. Après une vingtaine de minutes à petit rythme, je sens l’énergie qui revient et j’accélère le pas. Tant et si bien que peu à peu je rattrape du monde, dont mes compagnons qui m’avaient semé. Le passage du sommet n’est pas confortable, certes, mais pas aussi horrible qu’annoncé. Comme sur la plupart des cols, c’est un empilement un peu instable de schistes qui accueille le sentier, ou plutôt la trace étroite, un peu en dévers. Mais c’est tout de même praticable. Par contre, l’absence quasi permanente de marques du GR m’impose une attention permanente pour ne pas perdre le fil ténu de ma progression.

La nuit est étoilée, mais toute la montagne exhale l’humidité dont elle s’est imprégnée pendant la journée. Quand je suis à l’abri du vent, c’est plutôt agréable. Mais étant encore trempé, les rafales de vent aux cols en particulier, sont particulièrement réfrigérantes. L’ambiance est très sauvage ce qui renforce le côté « oasis » des petites tentes avec leurs 2 courageux bénévoles que l’in trouve quasiment à chaque col.

La descente sur le refuge de Pré de Chaumette commence dans des barres rocheuses  où le faux-pas est fortement déconseillé. La fin de la nuit approche et je suis décidé à mettre en pratique la stratégie que j’avais décidé avant le départ : dormir 2 heures juste avant le lever du soleil. De toutes façons, ces deux heures sont celles où je suis le moins efficace et je fais le pari que le gain de vitesse sur la suite de la course est supérieur aux 2 h de sommeil.

Coup de chance, il reste de la place dans le refuge et je me dépêche de m’allonger. Au pointage, je suis 33ème. 2h30 après, lors de mon départ du refuge, je pointe à la 59ème place. Nous allons voir maintenant si mon pari est le bon.

Ce matin, le soleil brille. Il fait frais, mais le ciel bleu et la lumière éclatante font un bien fou. Il me faut bien un quart d’heure  pour relancer la machine, mais dès que je suis réchauffé, l’opération pacman peut débuter.  A partir de ce moment, je ne crois pas avoir été doublé ! Je m’engage sur une longue période de bien-être. Il fait beau, je suis en pleine forme. Je ne suis jamais dans le dur alors que je monte à 1000m/h. C’est un moment de plénitude. Au col de la Valette, la lumière est resplendissante, je ne résiste pas à l’envie de m’asseoir et discuter avec la bénévole qui sort d’une longue nuit d’attente. Je ne traîne tout de même pas trop et enchaîne les 2 cols suivants à bonne allure.
Dans la descente du col de Vallonpierre, les nuages m’entourent non sans me laisser un répit au passage du refuge où je m’arrête pour un coca et une barre chocolatée. On y est tellement bien que j’y reste un peu pour profiter de ce petit coin de paradis. Je repars pour cette très longue descente qui me ramène à la civilisation. Elle est d’abord très agréable et je cours intégralement jusqu’à prendre pied sur la route que je dois suivre sur environ 6km pour rejoindre La Chapelle en Valgaudemar. Je me force à courir de temps à autre, mais le bitume et la chaleur (seul moment chaud de la course) ont tendance à m’en dissuader.

A la base-vie, Daniel me propose de partir avec lui. Nous avons un peu échangé sur le forum UFO mais nous ne nous connaissons pas. Ce sera l’occasion ! Dès les premiers lacets de la montée au col de Vaurze, notre entente s’avère très efficace. Il est rare que ce genre d’association bonifie les performances individuelles, chacun attendant l’autre sur son point faible. Mais là, magie du hasard, nous prenons tour à tour des relais qui nous font aller plus vite que si nous avions été seuls.

Nous sommes tous deux habitués de la montagne et pourtant, lorsque nous nous trouvons dans un secteur de roches rouges d’oxydes de fer, avec quelques pas d’escalade sous des filets d’eaux et que l’orage nous tombe dessus brusquement, nous n’en menons pas large ! On est pile à l’endroit où il ne faut être en cas d’orage. Aucun autre choix que de continuer, mais c’est avec une certaine angoisse que nous avançons. La configuration de cette montée non balisée me conduit à la trouver dangereux pour ceux qui le prendront de nuit et j’ai très envie d’appeler Alice pour lui dire d’éviter cette configuration. En fait comme pas mal de coureurs, elle partira de La Chapelle de manière à faire ce col de jour.

La descente sur le Désert est l’occasion de me lâcher sans retenue. Nous volons et doublons avec allégresse. Pour moi le moment le plus ludique de la course. J’adore ces descentes courables à la condition expresse de choisir très vite ses points d’appuis.  Anticipation, souplesse, dextérité, puissance sont alors nécessaires. Au ravitaillement on nous annonce 35ème. J’ai repris ma place d’avant mon petit somme. Tout va bien, cette stratégie semble porter ses fruits. Au point où nous sommes, je n’ai plus de doute sur notre capacité à finir. Pas de trace de fatigue, les rythmes de montée sont encore très élevés, la bonne humeur est de la partie.

Heureusement parce que ce qui nous attend est un peu inhabituel. En effet, la première moitié du col de Belle Côte est un vrai mur, sans aucun moment de répit. Je ne me souviens pas d’avoir déjà franchi un tel obstacle. Les mollets sont tendus à l’extrême, le souffle est court. Comme nous continuons de doubler quelques coureurs dont des duos, le moral au beau fixe nous fait grimper sans trop de difficultés, mais je plains ceux qui ont attaqué çà en étant déjà bien entamés !

Nouvelle descente sympathique quoique très boueuse et glissante sur la fin. Nos discussions se poursuivent avec Daniel. Le temps passe sans qu’on s’en rende compte. On est bien !

L’aller-retour sur la piste menant à Valsenestre  nous permet de croiser quelques têtes connues. Les sourires sont de la partie car tous ceux que l’on croise s’attaquent à la dernière grosse montée du circuit. Ce que nous faisons après un rapide arrêt à la dernière base-vie. Nous ne traînons pas encore car la nuit s’annonce et nous voulons avancer au maximum alors qu’il fait jour.

La première moitié de la montée se fait dans la continuité de toute cette journée bénie. Mais alors qu’il me reste 400m de D+ environ, c’est la panne d’essence. Je cale complètement et c’est au métier, sous les encouragements de Daniel que je franchis avec difficulté le col de la Muzelle. Nous entamons la descente dans une obscurité totale, doublée d’un brouillard très dense. Le faisceau de la frontale fait briller les fines gouttelettes du brouillard du coup on ne voit plus rien ! Nous sommes dans une bonne pente schisteuse où le sentier est remplacé par une petite trace, caractérisée par un schiste un peu marqué par les passages de randonneurs. Mais ces marques sont extrêmement ténues de nuit et dans le brouillard.

Je fais tout le début en piétinant, courbé en deux et écarquillant les yeux pour essayer de deviner si je suis encore sur le sentier, sans jamais être sûr qu’on ne se dirige pas vers une zone de barres rocheuses dangereuses. Parfois nous cherchons la trace en nous déployant de front. Une petite partie est indiquée par cairns, mais dans les conditions de visibilité que l’on a c’est très insuffisant.

On doit ensuite passer un long névé. La frontale fait briller la neige ce qui nous empêche là encore de dénicher le passage pour traverser. Nous errons sur ce névé pendant de longues minutes. Impossible de trouver la sortie !

Quand enfin nous y arrivons nous pouvons enfin trottiner un peu avant de se reperdre peu après avoir dépassé le refuge. Un coureur remonte le parcours, persuadé de s’être trompé, il veut rejoindre le refuge pour faire le point. Nous l’assurons que nous sommes sur le bon chemin et il décide de nous accompagner.

La suite est très longue. Pas encore remis de mon coup de mou de la montée, j’avance un peu hypnotisé par la fatigue. Le terrain est traitre et ne permet pas vraiment de courir ce qui rallonge encore le supplice. Une envie de dormi r s’est discrètement installée. Il est temps d’arriver. Quand nous voyons enfin les lumières de Vénosc à quelques minutes, nous nous voyons proposer un petit jeu improvisé : tenir debout sur les espèces de galets qui recouvrent la fin du chemin. Que dis-je des galets !! Des savonnettes plutôt ! C’est impressionnant à quel point çà glisse même à très faible vitesse, notre compagnon de descente part sur les fesses, moi ça manque de le faire au moins 20 fois. Pour une fois c’est avec plaisir que j’arrive sur le bitume !

C’est complètement au radar que j’arrive au dernier ravitaillement. Dans mon plan initial, je devais juste pointer et repartir. Dans la réalité, je reste prostré sur ma chaise, au bord du malaise. Je me pose même la question de demander une aide médicale. Je décide alors ce qui m’a déjà réussi : m’accorder un micro-sommeil de 10/15 minutes. Bien m’en prend : après une pause au total de 40 minutes, je m’attaque à la dernière montée sur les 2 Alpes dans une forme renouvelée. 700m/h alors que j’étais quasiment à l’arrêt avant ma sieste. Je connais cette montée pour l’avoir reconnue quelques jours auparavant. Une grande satisfaction m’envahit. J’y suis arrivé et pas trop mal en plus. Mon allégresse est tout juste un peu refroidie par les 2 km plats dans le froid et le brouillard qui me permettent, en contournant la ville, de rejoindre l’arrivée. Je suis absolument frigorifié, il n’y a pas un chat dans les rues (il est 3h du matin), je n’y vois rien, le balisage est un peu étrange avec 10 flèches en 20 m puis aucune pendant 200 !

Deux jeunes bénévoles me pointent à l’arrivée, bien tristounette sans ma famille. Mais une fois au chaud dans la salle qui nous accueille, bichonné par les ¾ bénévoles présents, une profonde joie m’envahit. Je finis 28ème sur 241 au départ et mis à part deux petits épisodes, tout s’est passé sans anicroche.
La course a été belle, dure en soi et durcie encore par les mauvaises conditions atmosphériques, l’ambiance extraordinaire. Le souvenir de cette unique édition restera gravé dans la mémoire des participants.

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 01:36

anniversaire-le-chat[1]

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 00:27

 anniversaire20anschat2jh9[1]

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 01:33

Anniversaire chat 5[1] 

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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 23:44

Quand je me suis inscrite au Grand Raid Pyrénéen, je n'avais pour seule référence comme course de même format que mon Grand Raid de la Réunion, que j'avais fini en 62 heures, sachant que les barrières horaires sur le Grand Raid des Pyrénées sont de 50 heures ... Il fallait donc que j'économise 12 heures !! Cette course n'était pas jouée d'avance ...

 

J'ai donc mis le paquet pour y arriver !

Mettre le paquet cela voulait dire tout d’abord perdre du poids. Objectif moins 3 kilos au moins par rapport à la Réunion. Cela ferait toujours ça de moins à porter.

                Ça voulait dire aussi courir avec des copines plus rapides que moi le dimanche et accepter de me mettre en sur régime, finir tous mes footings du lundi et du mercredi par 5 minutes à fond (plutôt que du fractionné dont j'ai horreur) mais là je n'ai pas tenu bien longtemps.

 Et c’est passé par quelques séances de biquotidien le mercredi.

Mais c’est passé surtout par un début de saison trail en montagne prématuré grâce au manque de neige qui nous a fait troquer les skis contre les chaussures de trail dès les vacances de Pâques. A cette occasion, j'ai pu constater à ma grande satisfaction que la saison skating et/ou vélo (vélib dans Paris ainsi que les retours de Paris en vélo) ou les deux m'avaient été profitables parce que je me suis retrouvée en forme dans les montées ! Ceci dit je ne me suis pas mise au skating ni au vélib dans l'idée de progresser en course a pied, mais bien dans l'idée de me faire plaisir à part entière ! J'ai adoré mes ballades en ski de fond de fin de journée à la frontale et redécouvrir Paris "par en haut" en évitant le métro et en associant transport et sport.

C'est passé enfin par accepter de m'inscrire sur un trail supplémentaire dans l'année en dérogeant ainsi à mon habitude de ne plus courir qu'une seule course par an : je me suis inscrite a la Montagn'hard 57 que je suis donc allée préparer en deux WE Choc. Montagn'hard qui ma énormément rassurée quant à ma vitesse en montée qui s'est confirmée bien meilleure que l'année précédente !

 Puis j'ai fait les 50 derniers km du Tour de l'Oisans et des Ecrins en tant que pacer de mon ami Olivier (Land) avec beaucoup de satisfaction ! L'expérience a été enrichissante autant que profitable. J'ai adoré ce rôle et j'y ai rencontré de nombreux coureurs devenus des amis, mieux connu et apprécié d'autres.

Enfin en dernier lieu j'ai rajouté un dernier petit WE dans le Vercors chez Dominique et Sophie à l'éternelle bonne humeur qui nous ont gentiment invités avec Land.

 Malgré toutes ces heures passées en montagne, ce n'était toujours pas gagné parce qu’à partir du premier jour de notre séjour aux deux Alpes j'ai souffert d’une tendinite de l’ischio-jambier qui ne m’a plus quittée jusqu'au départ du GRP (et plus loin encore) qui a augmenté régulièrement d’intensité jusqu'à me faire mal au repos et dans les gestes de la vie quotidienne, et qui m’a empêchée de courir en région parisienne. J'ai réussi à conserver une petite activité sous forme de vélo et natation mais je n'ai quasi jamais rechaussé les joggings de l'été ... Ce n'était pas sans me faire stresser ...

 

Fin août, sur la route vers St Lary, un petit passage par l'Ariège dans ma famille sur la route des Pyrénées a eu le don de me décontracter un peu, avant, le dimanche d’avant la course, de prendre possession de notre chambre dans un petit hôtel de Saint Lary. Les jours précédant le départ, nous avons fait une dernière sortie pour reconnaissance du début et de la fin du parcours avec Manu et Céline, Domi et Sophie. Enfin nous avons bien profité du joli village de St Lary en compagnie des mêmes joyeux Kikoureurs et de Lolo et sa femme, et occupé nos garçons avec des sorties piscine, canyoning, paint ball, VTT de descente, trois dernières activités auxquelles je n'ai pas participé pour ma part ayant trop peur d'aggraver ma tendinite ou de m'ajouter de nouvelles blessures.

 

Jeudi soir, Vielle Aure, briefing plein de surprises : une météo exécrable oblige à faire démarrer la course à 7h00 au lieu de 5h00 pour tenter d'échapper aux orages prévus. Du fait de ce départ tardif l'organisation annonce également la suppression de la montée au pic du midi de Bigorre ... Et zut ...

Pasta party avec plein de beau monde dont Ultrasteph, Castor Junior, Bottle et Thierry que je connais depuis la Montagn’Hard.

Derniers ajustements du sac puis au lit !! Il est 23heures, alors que nous nous levons à 5h45 ... Grosse dormeuse que je suis, je tenais à avoir une vraie nuit complète avant d'affronter une nuit blanche et demi, voire deux nuits blanches ... Ce n'est pas loin d’être raté compte tenu du fait que l’inquiétude m’empêche de m'endormir ...

6heures, pas de Gatosport faute de four en chambre d'hôtel ...Petit déjeuner pas diététique du tout.

6h30 départ pour Vielle Aure. Etonnamment, là, je me sens relativement sereine ... Encore plein de beau monde sur la ligne de départ, même Pierre qui ne partira que demain sur le 80 km est la !

 

7h00 départ sans retard ... Frissons d'émotions ... J'y suis, ça y est, je m'y colle... La motivation est là. Je n'ai qu'une idée en tête : finir ! Des spectateurs applaudissent et prennent des photos, j'aime être ici côté coureurs... Nous faisons les premiers pas au petit trop sur une route main dans la main avec Oliv, qui m'imprime un rythme sûrement supérieur à ce que j'aurais fait spontanément, mais tant mieux, j'opte brutalement pour tracer le plus possible tant que je suis en forme, quitte à ralentir plus tard.

Olivier m’a fait un plan de route en 46 heures pour que je ne sois pas stressée par les barrières horaires mais je me prends à rêver depuis quelques jours de faire mieux que ça. Ceci dit pour l'instant je ne m'en sers pas parce que l’itinéraire de montée et la première barrière horaire ont changé. Et puis, il tient sur trois pages et chaque page me parait tellement longue ... Je verrai ça plus tard quand j'aurai déjà avancé.

Lorsque nous quittons la route et que nous entamons la montée, ça bouchonne, je suis cette fois en sous régime net. Tant pis, positivons, ça m’économise et j’en profite pour discuter, ça fait passer le temps.

Je vois devant moi un T-shirt du même vert que le mien, je m’approche, hé oui, c'est un T-shirt de la Montagn'Hard 2011 porté par une coureuse dont je fais connaissance et avec qui je bavarde jusqu'au coup de cul des pistes de St Lary.

Là, il y a de la place, plus de bouchons, je me colle au rythme qui va bien des chaussures orange du gars devant moi avec pour objectif de ne pas les lâcher, ces chaussures qui m'obnubilent un peu. Je suis à nouveau en léger sur régime mais c'est bien, moins longtemps ça durera et moins ce sera dur ! Nous doublons un peu, c’est bon pour le moral ! Ma tendinite se rappelle à moi, tant pis, je fais comme si elle n'était pas là par moments, ou je mentalise les mouvements de microkiné qu'un copain kiné m’a conseillé de me faire faire... Il parait qu'y penser peut prolonger l'efficacité. Et cela doit marcher, parce que au bout de vingt, trente, quarante kilomètres peut-être, j’oublierai que j’ai souffert d’une tendinite de l’ischio !!! J’aurai soigné le mal par le mal !!

Col de Portet, déjà 1400 m de dénivelé avalés ! Petite descente jusqu'au restaurant de Merlans, 1er ravitaillement. Et c'est reparti pour la montée que j'ai reconnue il y a quelques jours, en direction du col de Bastanet. C'est une monotrace, la file de coureurs est quasi continue ... Mais non, en levant le nez des chaussures de celui qui me précède je constate qu'il y a des trous. Et que le premier de notre groupe se fait distancer par le groupe de devant ... Or je veux coller aux basques de ceux de devant et j’adopte la même attitude jusqu'au col : doubler les trainards pour être dans une file continue, ce qui me fait relancer sans cesse et garder un rythme soutenu. Dans la montée la pluie annoncée étant bien au rendez-vous, et le froid devenant saisissant, j’enfile ma veste de pluie, sans m'arrêter, opération facilitée par l'absence de bâtons. J'ai opté depuis deux ans et ma CCC pour être légère en course, je me passe donc des bâtons qui m’encombrent à vrai dire dans toutes les descentes non techniques. Je n'emporte même plus d'appareil photo ! Ici pourtant je prendrais bien quelques photos quand de rares trouées dans les nuages font apparaitre de magnifiques paysages dans le style estampe japonaise...

 Au col, pas de pause, je connais le paysage et puis je sais d'expérience maintenant que c'est l'endroit où doubler du monde. Plusieurs s'arrêtent en effet pour faire des photos ou manger un morceau ou se revêtir. La descente est technique et je m’éclate un genou sur un rocher! Belle onomatopée, la douleur est intense, je me fais doubler par une nana qui court comme un avion ! Rage intérieure ... Puis le terrain devient pour le moins boueux. Ca patine ! Sur la fin je suis pas à pas un coureur, toujours les yeux scotchés au sol et à ses chaussures, pendant un bon bout de temps, me semble-t-il, quand il s'arrête pour me laisser passer... C'est Cédric que je n'avais absolument pas reconnu !! Nous continuons ensemble pour mon plus grand plaisir jusqu'à Artigues.

Au ravitaillement je retrouve les copains venus nous soutenir et mes deux p’tits gars qu'ils ont emmenés, qui m'aident à remplir mes bouteilles et y ajouter la poudre. Là, je me félicite de la sage décision prise au moment de faire le sac... J'ai opté pour un peu de poids mais plus de confort aussi et je peux troquer le T-shirt manche courte trempé et les manchons qui tombent sans cesse et qui me font coller la veste mouillée aux bras contre un T-shirt chaud manches longues. Je m'en féliciterai encore plus dans la montée suivante ! Cédric est reparti pendant mes opérations vestimentaires, dommage ...

 C'est reparti pour 1686 m de montée !! Sur mon profil, c'est sacrément impressionnant ! Pour la première fois, j'utilise ma montre altimètre pour savoir où j'en suis sur ce parcours que je ne connais pas du tout. Les centaines de mètres de dénivelé positif s'enchainent quand je réalise que les 300 derniers mètres sautent avec la modification de parcours. Cela me donne soudainement la pêche et plein de courage !! Je suis finalement déjà tout près de la fin de la montée. Tant mieux parce que la pluie a repris. Il y a du vent, j'ai les mains gelées, les doigts gonflés par l'oedème que je constate maintenant à chaque trail, et complètement engourdis. A tel point que j’ai un mal fou à enfiler les gants de ski en gore tex qu'Olivier m’a sagement conseillé d'emporter. Je pensais qu'il exagérait un peu mais en fait je le bénis de m'avoir donné ce conseil providentiel !! D'autant plus que maintenant il grêle !!! J'entends les grêlons qui frappent ma capuche. Ca fait le même bruit que sur un toit de tente ! Cette sensation d'affronter les intempéries me plait voire m'amuse d'autant que je me sens bien à l’abri sous ma veste :-)

 Fin de la montée, biip. Le ravitaillement de Sencours est situé dans des ruines froides, ventées, bondées de coureurs. Je n'ai pas le courage d’enlever ni le sac ni les gants, ce serait trop long de les remettre et il fait vraiment trop froid. Un gentil bénévole (qui a bien du mérite de rester la plusieurs heures sans bouger) me sort mon gobelet de mon sac et un autre me le remettra à la fin. Je tremble, claque des dents... Je constate que je ne suis pas la seule... Les mains qui se tendent vers la soupe ont toutes la tremblotte !! Cet inconfort me donne des ailes... Je n'ai qu'une envie, repartir au plus vite en courant pour me réchauffer!! Je plonge donc les gants dans les tucs et le saucisson, avale trois soupes de suite et m'enfuis !!!! Pas de plein d’eau, je n’ai pas beaucoup bu.

Les premiers pas sont difficiles, je ne sens plus mes pieds !! J'ai traversé les premiers torrents sans précaution en me mouillant les pieds en pensant que cela sècherait vite ... Quelle erreur... Cela me donne l'impression de poser le pied sur une barre en métal à chaque pas ... Le chemin est large et facile, en descente, je pique un vrai sprint et en oublie de chercher les balises. Il faut dire que je suis le coureur de devant qui s'est trompé  lui aussi ! J'entends bien des cris derrière moi mais loin de moi l'idée qu'ils s'adressent à moi ... Heureusement que le coureur de devant, lui, a compris !! Pfff demi tour ... J’apprendrai plus tard que c'est là que Stéphane s'est trompé lui aussi et qu'il a lui continué jusqu'au bout sur le parcours du 80 ! Descente puis plusieurs "bosses", beaux lacs, lac bleu puis lac d'Ourrec. Je peux me resservir de mon plan dont les prévisions en temps doivent à nouveau coller à la réalité malgré les changements puisque nous sommes partis deux heures plus tard que prévu mais avons dépassé le pic du Midi de Bigorre que nous n'avons pas fait d'où environ 1h30 de course en moins. J'entends la voix de Thierry derrière moi alors que je l’avais laissé partir devant depuis la première montée déjà ! Comment est ce possible ??? Il a en fait tout simplement passé plus de temps que moi à Sencours et s'y est d'ailleurs beaucoup refroidi. Nous repartons donc ensemble, arrivons à 19h34 à Hautacam et ne nous quitterons en fait plus jusqu'à la fin ! Mon plan prévoyait un départ du ravitaillement à 20h15, cela fait un peu d'avance, tant mieux !

C'est reparti, quand je réalise qu'il ne me reste "plus" qu'une CCC à courir ! Moins de 100 km ! Ça je sais que j'en suis capable, c'est bon au moral ! Nous courons lentement mais quasiment pendant toute la descente. La nuit tombe alors que nous atteignons la première base vie de Villelongue !! Nous parvenons tout juste à ne pas allumer les frontales avant le ravitaillement. Il est 21h16. Mon plan prévoit un départ de la base vie à 22h36 !! Ma marge augmente, c'est cool !

Je me jette sur les pâtes avant tout autre chose, puis récupération du sac, change après queue aux toilettes ... J'ai les pieds comme neufs après un simple changement de chaussettes ! J’imaginais dormir un peu ici avant d'affronter la nuit mais un coureur me dit qu'il s'est allongé et qu'il n'a jamais pu s’endormir en raison du bruit, je décide donc de différer. Un café va peut être compenser le manque de sommeil qui ne devrait pas tarder à m'embêter, moi la marmotte. Il est 22h27 quand je quitte la base vie alors que mon plan prévoyait un départ à 23h16 ! J'ai pris un temps fou ici, me suis pas mal reposée et j'ai encore 3/4d'heure d'avance. De plus j'ai la satisfaction de laisser ici le premier 1/3 de mon plan de route. Je m'attaque donc déjà au deuxième tiers de la course, tout va bien !

C’est parti pour la nuit. Plat et goudron jusqu'à Soulom puis ça remonte. 1849 m de dénivelé positif à avaler ! Equipée de ma super lampe frontale super performante toute neuve, je trouve très facilement les balises et j'apprécie d'évoluer de nuit. Nous croisons quelques coureurs qui font demi- tour ... Sûrement pour abandon ... Dommage pour eux... Chemin large en forêt puis sentier dans des pentes herbeuses. C'est long, il fait froid, je commence à être un peu hypnotisée par le halo lumineux de ma frontale....

Ouuufff ravitaillement de Turon de Bene. Les bénévoles ont fait un feu, il y a du monde sous la tente, les boissons chaudes dont la soupe et le café sont les bienvenus. C'est réconfortant de retrouver de la chaleur humaine avec des bénévoles d'une grande gentillesse et aux petits soins! Cependant, il faut vite repartir parce qu’à l'arrêt le froid est intense. Nous avalons les dernières gorgées ou bouchées dehors devant le feu en espérant nous réchauffer mais le vent froid est plus fort que les flammes!! Vite, en marche !!

La suite ressemble beaucoup aux derniers mètres avant le ravitaillement, surtout dans la nuit... Le brouillard tombe et la frontale éclaire les microgouttelettes qui sont soufflées devant nous. Nous cheminons toujours avec Thierry et deux autres hommes dont je ne vois rien sous leur lampe frontale... Je retombe dans une espèce d'hypnose, mes paupières sont lourdes, mes yeux se ferment, je suis en train de m'endormir debout en marchant.. Enfin nous tombons sur la table d'orientation qui signe l'arrivée au pic de Cabaliros ! La descente va me réveiller !

 Nous enchainons avec un petit trot régulier, bientôt arrivés dans des lacets interminables. Nous voyons maintenant les lumières de la ville de Cauterets mais elles paraissent être à l'infini et malgré les lacets qui s'enchaînent et notre allure qui ne faiblit pas trop, elles sont toujours aussi loin ... Nous doublons pas mal dans la descente. Quand je dois m'arrêter pour soulager ma vessie je décide de ne pas faire un pas de plus que ce qu'un homme ferait dans les mêmes circonstances ;-) marre de perdre du temps et de l'énergie :-0 Aux autres de tourner la tête si ça les gêne !

Difficile tout de même de courir sur le goudron des rues de Cauterets, les pieds commençant à ne plus supporter les impacts sur les sols durs. C'est donc à la marche que nous atteignons le ravitaillement, dans les odeurs de viennoiseries de la ville qui va bientôt se réveiller. Qu'est ce que je donnerais à ce moment-là pour changer un peu d'alimentation ... Je me prendrais bien un croissant et un grand crème !

Il est 5h44 quand je suis bipée. Je mange malheureusement encore les sempiternels morceaux de chocolat et de bananes ou abricots secs puis sandwich tuc saucisson tuc, puis à nouveau prise par la fatigue et le froid dès que je m'arrête, je décide d’aller dormir ¼ d’heure sur un lit de camp. Je n'enlève que le sac la lampe frontale et les chaussures, je garde bandana et veste, règle mon réveil, d'autant que le coureur du lit de camp d'à-côté me demande de le réveiller, puis m'endors après 5 minutes environ.

Après donc 10 minutes de sommeil, je me réveille transie et grelotte en ressortant de la salle, pas convaincue de l'intérêt d’un si court sommeil ... J'aurais mieux fait de dormir 30 minutes quitte à prendre tout ce temps en laçage délaçage de chaussures etc.

 Thierry m'a attendu, nous repartons donc à nouveau ensemble pour 1020 m de D+ et le col de Riou. J'ai peu de souvenirs de cette montée sans doute parce que le sommeil me rattrapant, mes paupières s’alourdissent à tel point que je fais régulièrement plusieurs pas les yeux fermés.

Descente sur la station de Luz Ardiden. Je reconnais un passage de la Transpyrénéenne! Ravitaillement d'Aulians, un gentil bénévole me donne 3 bonbons Haribo !!! Ouaaahh que c'est bon !!! C’est fou comme un tout petit plaisir prend comme proportion au 101ème km d'une course :-) Comment n'ai-je pas pensé plus tôt à courir avec des bonbons en poche ???? C'est pourtant le moment où jamais de manger des choses caloriques et "interdites" le reste du temps !! J'y penserai, c'est sur, sur mon prochain trail !

Je me trouve plutôt en forme quand nous redémarrons, je suis même étonnée de ma démarche encore souple dans les escaliers. Restent 1270 m de D- avant la deuxième base vie qui commencent par une pente herbeuse raide et glissante alternant avec des chemins creusés par les troupeaux, mettant mes tendons des jambiers antérieurs à rude épreuve. J'ai l'impression d'avoir serré trop fort mes lacets à la dernière pause, mais je ne prends bêtement pas le temps ni la peine de les desserrer... Chaque pas est douloureux mais je n'y prête pas assez attention... Quand les chemins de montagne cessent nous nous retrouvons à notre grand dam sur une route goudronnée qui n'en finit pas ... Nous alternons marche rapide et course mais les jambes et les pieds sont raides. J'ai l'impression que mes semelles sont dures et ont perdu la totalité de leur amorti. Je me prends à rêver des chaussures de rechange que j'ai mises dans le sac d'Esquièze-Sere. Il commence, enfin (!!) à faire chaud et la traversée de la ville de Luz Saint Sauveur est pénible, il y a du monde des voitures, j'ai l'impression d'être une extra terrestre, transpirante, les jambes pleines de boue au milieu de tous ces touristes qui ne savent pas qui nous sommes, d'où nous venons ni où nous allons.

Quand je me fais encourager et féliciter a l'entrée au ravitaillement, j'ai pour une fois l'impression de vraiment mériter ces félicitations et j'ai un coup de blues mêlé au sentiment de soulagement d'avoir atteint cette base vie qui signe la fin du deuxième tiers de la course. J'en verserais presque une petite larme si je n'étais pas tout de suite réconfortée par une chaise, le déchaussage, des pâtes, puis bientôt le change complet de tous mes habits et l'échange de chaussures tant attendu ! J'ai l'impression en chaussant mes Slab de mettre de vieilles charentaises bien faites à mes pieds et bien moelleuses. Je discute beaucoup, mon T-shirt de l'UTMB ayant le don de délier les langues apparemment !

Je repars du coup regonflée à bloc du ravitaillement, d'autant que le bénévole qui me bipe à la sortie me complimente sur mon état de fraîcheur! Il me trouve l'air pimpante, propre et en forme! Ça a le don de rendre vraies ses paroles :-)) Il est 12h36, mon plan prévoyait que je quitte le ravitaillement à 13h20, je suis super satisfaite de conserver mon avance, il fait beau, chaud, je sens que nous tenons le bon bout, je me sens bien en dehors d'une douleur au releveur, qui n'est encore pas très présente. Nous croisons une voiture dont le chauffeur nous demande où est situé le ravitaillement... Tiens, c'est Julien Chorier ?! Je discute avec un gars dont je découvre qu'il travaille a Lorp Sentaraille au presbytère qu'il est train de rénover !!! Lorp, petit village ariégeois de ma famille chez qui je viens de passer une journée et chez qui je vais repasser au retour du grand raid ! Le monde est petit!! Je trouve la vie belle et je bavarde avec tous les coureurs autour de moi, dans un état de quasi euphorie !

Mais j'avais décidé de ne pas faire le plein d'eau parce que je savais devoir trouver un ravitaillement en eau dans pas longtemps. Or je comprends que ce n'était qu'une fontaine que j'ai laissée passer sans y prêter attention ! Je commence à stresser à l'idée que je vais être en panne sèche. Et puis mon tendon commence à sérieusement me titiller... Je décide de desserrer complètement mes lacets tant que cela ne descend pas. Mais mon pied flotte trop dans ma chaussure. Je m'arrête sans cesse pour réajuster les lacets, la chaussure, la chaussette, faire des étirements, et commence à me faire doubler ... Encore de la route et cette fois, genre nationale, sans trottoir, les voitures roulent vite ... Je maugrée...

Olivier ma annoncé par SMS qu'il avait du s'arrêter à Hautacam en raison d'une tendinite du fascia lata et d'une aponévrosite plantaire... Je m’attends donc à le voir apparaitre à cet endroit de la course. Je prends un type qui arrive vers nous pour lui... Pourtant il n'a rien en commun avec lui, ça doit être l'envie de le voir !!! Puis, c'est bien lui, accompagné de mes deux p’tits gars, alors que nous atteignons Tournaboup.

Ça fait plaisir de les trouver là. Olivier m'aide au remplissage des bouteilles, qui, ô miracle, n'étaient pas vides ! J'ai stressé pour rien... Je commence à craquer avec la nourriture des ravitaillements et la boisson énergétique sucrée. Je mange donc peu et ne remets donc pas d’Effinov.

C'est reparti pour la dernière grosse montée !! Ça sent bon !! Si je n'ai jamais imaginé m'arrêter, je n'étais tout de même pas sûre du dénouement, et je n'arrivais pas à visualiser la fin de cette course. Maintenant, si !! Je la sens presque dans ma poche !! Cette dernière montée n'est pas pour autant sans difficulté... Il fait à nouveau moins chaud, et je suis prise d'une grande faim et du coup de mou qui va avec. Thierry n'a rien contre une pause.

Nous nous asseyons donc pour manger des noix de cajou. Les coureurs du 80 km nous ont rejoint depuis Tournaboup et nous doublent à la pelle pendant cet arrêt. Nous repartons avec les deux gars avec qui nous avions fait la montée du Cabaliros avec qui nous discutons un peu. Depuis que les 80 km nous on rejoint c’est moins convivial, plus difficile d'engager la conversation, ça fait plaisir du coup de retrouver les compagnons de la nuit, que je n’aurais ceci dit jamais reconnus s'ils ne m’avaient pas repérée, eux, comme une des féminines pas bien nombreuses de ce trail. J'avais eu la même sensation sur le Grand raid de la Réunion quand nous avions été rejoints par ceux du trail du Bourbon, je m'étais sentie envahie par des coureurs en meilleure forme, plus rapides et plus nombreux que nous. Il faut sans cesse les laisser passer, et ils ne remercient pas forcément ... La fatigue me rend râleuse ...

La fin de la montée est absolument interminable, les lacets sont très larges et relativement plats. Le dénivelé ne se prend que dans les virages ... Enfin le col de Barèges est là, nous allons enchaîner avec l’avant dernière descente!

Mais ... La douleur au jambier antérieur qui s'était mise en sourdine à la montée se réveille et devient très présente à la descente ! Chaque pas devient difficile. Je m'arrête sans cesse pour m'étirer, ce qui ne me soulage que pendant trois pas... Cette descente devient rapidement un calvaire. Je prends le parti de m'arrêter pour me bricoler un strapping. Mais il faut que je me lave la jambe auparavant si je veux qu'il tienne. Pendant ces opérations, Thierry m'attend, alors que je lui propose d’y aller. Je le ralentis et je râle sans cesse, lâche des onomatopées à chaque fois que mon pied cogne un obstacle, et il y en a, des obstacles ! Mais il préfère m'attendre pour que nous terminions ensemble !

 Pendant le temps que nous passons encore une fois assis au bord du chemin, une flopée de coureurs nous double, et quand nous repartons enfin, nous avons l'impression d'être bons derniers ! Le strapping me soulage pas mal et nous atteignons le restaurant de Merlans d’un bon pas, avec la nuit.

 Ravitaillement rapide et c'est parti pour une dernière petite montée dans laquelle je retombe en mode demi sommeil hypnotisée par le halo lumineux de la frontale. Col de Portet et la dernière descente !!!

Mais c’est à nouveau le calvaire. Plus la pente est forte et plus la douleur au jambier antérieur est intense, et là, la pente est particulièrement  raide. A chaque pas j'ai l'impression d'une morsure. Je suis très lente et continue de me faire doubler. La descente se fait par le même chemin que la montée, pourtant elle me parait beaucoup plus longue que la montée. Cela doit être la première fois qu'une descente me pèse autant. Enfin la pente s'adoucit lorsque nous quittons les pistes de Saint Lary.

 Olivier et les enfants sont venus à notre rencontre en voiture. Je trouve terrible voire ridicule autant qu' idiot l'idée de continuer à pied alors que la voiture est là et que chaque pas est si difficile. Continuer pour un Tshirt de finisher ? Pour la gloire ? Pour quoi ?? Continuer de me faire mal ? De m'abîmer ? Pour revenir estropiée alors que j'ai mis des mois à me mettre en forme ? Et pourquoi courir ? Après quoi ?

 Et pourtant, évidemment je ne vais pas abandonner si près du but ... Je m'arrête à plusieurs reprises (et Thierry m'attend toujours, le pauvre) pour enlever ce que je crois être un caillou dans ma chaussure puis dans ma chaussette, pour finir par comprendre que c'est une ampoule. De plus à force d'avoir mal au pied gauche je compense avec la jambe droite et je commence à bien souffrir du genou ...

 Et le phénomène de la descente de Cauterets se renouvèle. Nous voyons les lumières de la ville au loin en bas mais elles ne se rapprochent pas. Elles semblent n'être qu'un mirage. Le halo de ma lampe frontale contrastant avec l'obscurité alentour j'ai de plus l'impression de regarder dans des jumelles, ce qui m'agace. Je suis au bord des hallucinations, j’ai l’impression que tout bouge autour de moi. Je n'en peux plus et suis une bien mauvaise compagnie pour Thierry...

 Nous sommes rejoints par Pierre et Christophe du 80 km, avec qui nous échangeons quelques mots. Ils nous dépassent bien sûr et c'est encore un coup au moral de les laisser partir.

J'essaie de marcher à reculons, je sais que cela épargnera mes releveurs mais je suis encore plus lente, j'essaie d'emprunter les bâtons de Thierry qui ne s'en sert pas à ce moment là, mais je les lui rends vite parce que cela ne me soulage pas et lui finalement semble en avoir plus besoin que moi, il souffre en effet également des genoux et d'ampoules aux pieds.

 Nous atteignons enfin le fond de la vallée, la route, le plat ! Restent quelques centaines de mètres quand Dominique du 80 km également nous rejoint à son tour et finit avec nous !

Je franchis la ligne d'arrivée à deux à l'heure, cahin-caha, au bord des larmes. Je n'arrive pas à savourer les applaudissements et l'ambiance alors que je n'attendais que ça ... Pour finalement m'effondrer vraiment en larme dans les bras d'Olivier qui ne comprend pas mes états d'âme !

Lui voit ce que je n’arrive pas à voir à cause de la fatigue, la souffrance et du dépit de m'être fait doubler à tours de bras. Lui voit que j'ai fini, que j'ai fait un temps inespéré malgré ces deux heures perdues à m'étirer, me soigner, m'arrêter, trainer, etc. J'ai bouclé mes 153 km et 9000 mètres de dénivelé en 42h40! J’ai réussi à conserver une heure vingt d’avance sur mon plan !

 

J'apprécierai tout ça, je savourerai tout ca même, dès le lendemain, après une pourtant mauvaise et courte nuit de sommeil en raison de douleurs multiples et insomniantes.

Et dès le lendemain, après une traversée de Vielle Aure très remarquée dans les bras d'Olivier qui me porte pour éviter une marche lente et difficile car douloureuse j’oublierai toutes les questions que je me posais dans la dernière descente.

 

Le lendemain, je décide de m'inscrire à l'UTMB !

 

Merci Thierry pour ta compagnie indéfectible pendant ces longues heures !

Merci à mes supers suporters adorés ! Vos nombreux SMS m'ont portée, au sens figuré cette fois ;-), pendant ces 42 heures ! Merci à tous je vous dois beaucoup. J'aime tellement cette ambiance sur les courses au milieu de tous mes amis UFOs et Kikoureurs, jaime tellement ces messages de soutien, témoignages d'amitié et encouragements que je reprendrai le départ d'autres courses au plus tôt pour profiter à nouveau de cette solidarité !

Merci à tous les généreux donateurs qui ont acheté la totalité de mes km (et même plus !!) au profit de l'association Fanny et la Vie !! Je ne pouvais que finir sachant leur investissement dans cette belle cause !         

 

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