Reportage complet ICI
Hé ben, moi qui comptais courir un petit Savoyard en un peu plus long !! Finalement 5 km de plus, c'est beaucoup plus long, il faisait beaucoup plus chaud, le terrain était beaucoup plus cassant !!!! Je n'avais pas ma coéquipière avec moi pour me rappeler de prendre des Compeeds, et une fois de plus je n'avais rien préparé, rien lu; pas eu le temps; ce qui m'a encore valu des coups d'Adrénaline !!!
Vendredi après midi, une fois passé le stress du travail le matin et des bagages à boucler avant l'heure du train, (pas pu les faire la veille, restau à midi, formation le soir), une fois passé le moment désagréable où j'apprends que nous allons rater demain matin la petite pièce de théâtre de Fabien à l'école, dans laquelle il parait qu'il est très bon, et que nous ne verrons pas les photos avec les parents et enfants de la mini classe transplantée de voile… après un moment de doute intense où je me dis que j'annule tout et que je reste là, après une course folle sur le quai avec nos très encombrants bagages…..ouf, petit moment de détente dans le TGV, lecture, SMS aux copines qui m'encouragent déjà !
Arrivés à Aiguines à minuit, accueil de Guillaume dans le camping, qui passe finalement la nuit ici au lieu de chez ses parents, les deux tentes super express Queshua sont heureusement montées en deux minutes.
Mauvaise nuit trop courte (faut dire que je ne sais pas quelle mouche me pique de me mettre à bouquiner au lieu de dormir et pas moyen de ressortir de mon livre …), puis je travaille l'échauffement … Première fois que je m'échauffe pour une course de cette taille…Bon je sais qu'à coté du 100, j'ai l'air ridicule à parler de la grande taille de cette course, mais pour moi qui viens d'opter pour les tous petits formats de mes 2 dernières courses (12 km du Castor Fou et 8 km d'Orsay), je suis tout de même un peu impressionnée par ces 35 km…
Bref, l'échauffement : Nous commençons par descendre au village chercher les dossards. Grande trouille au passage parce que je ne savais pas que pour le 35 km comme pour le 100 il fallait un sifflet, une casquette (ce qui finalement se conçoit bien à posteriori quand on connaît le parcours et les conditions météo, z'auraient même pu mettre crème solaire obligatoire), de l'élasto, ET une veste de pluie plus une couverture de survie !!! Comble de l'ironie compte tenu des 37° de température que nous allons nous payer comme je le saurai plus tard, il me manque tout sauf … la veste de pluie et la couverture de survie !! Re grand moment de lassitude où je me dis que j'ai usé mes nerfs hier pour rien … j'aurais vraiment du rester à Villebon avec les enfants …. Heureusement, je me fais "prêter" ce qui me manque, je peux retirer mon dossard, et j'oublie mes états d'âme.
Retour au camping (Ca monte et il fait déjà chaud) parce que nous n'avons pas encore petit déjeuné. Et là tout s'emballe ! J'ai perdu mon appareil photo !! Deux tours de camping au trot pour le retrouver dans la désorganisation la plus totale !! J'arrive au départ déjà dégoulinante de sueur !!! J'ai raté "l'appel" des concurrents ... Ouf Olivier a signalé que j'étais bien là …
Je vais peut être pouvoir me concentrer un peu sur cette course …Bonne nouvelle, nous partons avec les "centbornards" et notre parcours est le même jusqu'au bout des 35 km et Domi et Pierre voulant partir lentement, j'ai peut être une chance (en me mettant sûrement à mon max…) de les suivre. Vraiment bonne idée que de nous faire partir ensemble parce que cela m'évitera de compter les coureurs qui sont derrière moi comme sur l'eco trail de Sommand !
C'est parti, je me retourne avec un petit pincement au cœur pour dire au revoir à mes enfants à qui je n'ai pas eu le temps de dire comment s'occuper pendant notre absence …
Le début est particulièrement lent, ca bouchonne dans les rues étroites d'Aiguines, ça discute et ça plaisante. J'ai l'impression, comme lorsque j'avais couru pour la première fois avec Pascale et Marie Ange, d'avoir accès à la cour des grands en me scotchant au pas de Domi et Pierre, et quelques minutes au pas de Manu (Rapace) qui disparaît bien vite. Comme prévu, à part dans les bouchons du début, la lenteur des "grands" est limite rapide pour moi, je sue à grosses gouttes, beurk... Je tiens avec eux tant que nous sommes en sous bois, puis les laisse partir en prenant quelques minutes pour avaler un premier gel et boire. Dommage parce que c'était bien sympa de discuter avec eux ... Pendant la montée nous bavardons avec une femme enceinte de 5 mois et demi !!! qui était inscrite sur le 100 !!! mais qui a dû rendre son dossard... Elle s'essaye en "randonneuse" comme elle dit sur le 35. Randonneuse entre guillemets puisqu'elle finira devant moi …. Mais bon, enceinte de 5 mois et demi elle doit peser 5 kilos de moins que moi et elle court manifestement depuis le berceau … Elle a du sauter l'étape de la marche ….Passée directement au trail ….
Fin de la montée, magnifique crête aérienne et petit sommet .. Ouinnn, m'ont pas attendue … Tant pis, je pensais au départ courir seule…. Petite pause photos : je demande à des coureurs de me prendre, je les prends à leur tour.
Puis c'est la descente, pas très pentue pour l'instant, mais pas facile, plein de rochers partout. Je vois la silhouette en rouge de quelqu'un devant moi, cela m'aide à trouver les balises et le bon cheminement, parce qu'il faut une attention constante sur les pieds, du buis à profusion cachant souvent le sol …
0 surprise, je rejoins Domi et Pierre un peu avant le premier ravitaillement !! Je croyais les avoir "perdus pour toujours " !!
Au ravitaillement, Sandrine (Taz) est là, cela fait plaisir. Remplissage des gourdes et du camel back, comment on fait pour l'ouvrir ??? Puis pour le refermer ??? Je ne mange rien ... Rien que j'aime ou qui me donne envie... ils ne proposent que lardons (ou jambon ?) chips ou Curly … Heureusement que j'ai des pâtes de fruit et d'amande dans le sac…
Re photo, puis c'est reparti un peu après Pierre et Domi que je vois au bout d'un long chemin large et grosso modo plat. Ils marchent. Je me dis que si je ne cours pas là, je ne courrai sûrement jamais sur ce trail, donc je les rattrape au petit trot, en leur disant au passage qu'ils me redépasseront certainement très vite. Je me sens comme toujours grosse prétentieuse quand je double, mais finalement, Pierre court un peu avec moi, laissant Domi. Eternel problème des binômes, l'un est meilleur à la montée l'autre à la descente, s'ils s'attendent tous les deux sur leur point faible, ils vont faire le double de leur propre temps …. Je ne profite pas bien longtemps de sa compagnie, il va plus vite que moi … Fin de notre périple ensemble, je ne les reverrai plus ni l'un ni l'autre. Sur cette portion large et la seule roulante de tout le trail je vois un coureur du 35 en sens inverse, qui semble avoir oublié quelque chose au ravitaillement ?... Mais quelques minutes plus tard, deux ou trois autres coureurs du 100 qui vont vite … Compris !! Nous sommes sur la partie ou l'aller et le retour passent par le même chemin, et à posteriori je pense que c'étaient les premiers des deux courses vu le chemin à parcourir avant de revenir ici !!
La chaleur devient vraiment pesante, j'ai du mal à boire au camel back, il faut que je m'arrête de temps en temps à l'ombre pour boire à la gourde. Ce n'est pas la plus belle partie de la course, j'ai rangé l'appareil photo. 2ème ravitaillement, liquide uniquement. Arrêt très court. On traverse une route, je fais une pause pour enlever un caillou qui me gêne depuis un bout de temps et me rebadigeonner les pieds de Nok. Zut ce n'est pas un caillou mais une magnifique ampoule et là, brutalement, je me souviens des bons conseils d'Agnès : il faut avoir des Compeeds sur soi !! Je l'ai pourtant écoutée, ma coéquipière, je me suis préparée une magnifique boite à pharmacie petite, compacte, mais ... en métal, et au dernier moment je l'ai laissée sous la tente, la trouvant trop lourde …Tu vois Agnès j'ai tout de même progressé ….L'étape suivante sera de la mettre dans mon sac de trail… Tant pis, j'assume et me badigeonne de Nok (sans résultat… Grande découverte : la Nok ne marche pas sur ampoule déjà formée …)
Ceci dit brutalement j'oublie mes pieds : question paysage et terrain, la suite est le début de l'extase ! Un plongeon dans les gorges du Verdon !! Autant je m'ennuyais un peu sur le chemin avant le ravitaillement, autant je m'amuse dans cette descente vertigineuse, que les organisateurs ont tapissée du signe "attention" du code de la route, en orange fluo. Des bénévoles nous annoncent que ca glisse. Je suis deux hommes du 100 … que je finis, incroyable mais vrai, par doubler !! Nous atteignons le fond des gorges, où le cheminement devient vraiment ludique. Je ne résiste pas et ressors mon appareil photo. C'est trop beau, impossible de passer par là sans s'arrêter, mitrailler, regarder. De toute façon la vitesse n'étant pas mon truc, autant avoir un alibi !!
Pendant tout le passage du fond des gorges je m'amuse vraiment, me donne l'impression de papillonner plus que de courir un 35 km …et parle sans cesse avec les coureurs qui sont devant ou derrière moi, pour la plupart des "centbornards", les photographie (ca donne une idée de l'échelle, ca pose mieux l'ambiance, … et je n'ose tout de même pas leur demander de me photographier moi…), tout en leur promettant de mettre le lien de mes photos sur UFO et Kikourou. L'un deux s'est fait un plan de route super précis avec des temps de passage pour chaque lieu dit et ravitaillement. Il est en mesure de m'annoncer que je peux arriver en 8h20 vu l'endroit et l'heure où nous nous trouvons… Moi qui n'ai pas de montre, qui n'ai pas regardé le road book, qui n'ai aucune idée du nombre de km déjà parcourus...). Ce temps me catastrophe un peu sur le coup, alors qu'il s'est malheureusement trompé (ou que je ralentis après) et que je mettrai plus longtemps que ca en fait… Je suis persuadée être la seule du 35 km mais m'apercois avec joie que ce n'est pas le cas.
Des passages avec câbles sur le coté puis cordes à deux mains puis échelles se succèdent pour mon plus grand plaisir (heureusement que j'ai prévu de quoi accrocher les bâtons sur le sac car ils seraient plus que gênants dans ces passages). Dans un des passages les plus vertigineux, des bénévoles nous parent en cas de chute, d'autres nous photographient, tous nous encouragent, l'ambiance est extra, MERCI à eux.
Ca dénivelle sérieusement. Nous croisons des grimpeurs. Pour mettre dans le ton, une plaque commémorative rappelle que deux personnes sont décédées sur ces lieux …
Puis nous débouchons sur une route et sur le 2ème ravitaillement solide, où je retrouve encore Sandrine avec grand plaisir. Elle m'annonce que Pierre est passé il y a au moins 20 minutes et qu'il est en super forme !! J'arrive là à manger quelques chips, boit 2 verres de coca, fais le plein d'eau, me laisse impressionner par le bruit de deux hélicoptères, ce qui annonce un blessé … (j'apprendrai heureusement plus tard que ce n'est pas une blessure grave), interroge les bénévoles sur la suite du parcours : ils ne sont au courant de rien ! Bon nombre de coureurs sont assis et je me fais la réflexion, non sans une certaine satisfaction, il faut bien le dire, qu'ils ont l'air plus fatigués que je ne le suis moi-même. Je reprends les bâtons, et c'est reparti.
Ca monte encore un peu puis nous nous retrouvons sur le chemin large sur lequel j'avais croisé les coureurs qui revenaient déjà. Je reprends là le pas de course (faut bien quand même une fois de temps en temps…) et double (SI SI !!!) deux hommes à l'allure pourtant sportive, non sans avoir auparavant discuté le coup avec eux. (En fait évidemment, un des deux a mal au genou, ce n'est que grâce à sa blessure que je lui passe devant). Faut bien profiter de ce que je suis une des seules femmes du coin, entourée de beaux mâââles sportifs, n'est ce pas Marie Ange ? "On peut regarder la carte, tant qu'on ne consomme pas" est son expression favorite qui va finir par être la mienne moi aussi ! (Olivier je te fais juste un peu enrager, sur ce coup là).
Arrivée à l'emplacement du premier ravitaillement …je suis très déçue !! Les bénévoles nous avaient dit "à tout à l'heure", je pensais du coup les retrouver ici, mais ils se sont déplacés et sont beaucoup plus loin. Ca se remet à monter beaucoup plus dur et à chauffer fort. Des bouffées d'air chaud arrivent par moment, on dirait l'air qui sort de mon radiateur électrique en plein hiver … Pause pipi juste avant un petit passage de semi escalade, qui me permet de retrouver mon souffle, de vérifier que je suis mieux hydratée que sur l'eco trail et le petit savoyard (10 heures de course pour l'une, 6h30 pour l'autre, sans aucune diurèse!!) avec un paysage grandiose en face, un beau tableau de chasse : 3 moustiques tués en pleine action, et quelques photos. J'entends des coureurs passer pendant ce temps là … C'est tout de même un handicap d'être obligée d'aller se planquer dans les fourrés pour ne pas montrer ses fesses à tout le monde … Ceci dit je repars plus fraiche et rejoins …les deux coureurs que j'avais doublés sur le plat, qui sont très étonnés de me retrouver derrière eux !
Traversée de grands pierriers, cheminement dans du buis à nouveau à profusion, réflexion que rien dans mon allure ne pourrait évoquer, même de loin, le dernier des Mohicans comme je me l'imaginais pendant le petit Savoyard (ICI), vue extraordinaire sur le Verdon tout au fond très loin là bas, puis descente en chute libre…
Petite pause sous un arbre, où tous les coureurs qui suivent s'arrêtent également. Ils m'annoncent que nous allons entamer la dernière montée avant le dernier ravitaillement pour moi (pour eux il reste de la route à faire…) Je me prends donc mon troisième et dernier gel, répond au coup de téléphone de Marion : mes pauvres enfants m'attendent déjà depuis un moment sur la ligne d'arrivée et aimeraient savoir si j'en ai encore pour longtemps… Ils sont un peu déconfis de savoir qu'il me reste une grande montée puis 6 km encore derrière … et prennent le parti de rejoindre le camping.
Je redémarre scotchée aux pas de deux coureurs, et entame avec eux une discussion sur le prix de l'immobilier chez eux, à St Tropez, (ou St Raphael ? les endorphines, ou la fatigue, ou la chaleur, ou les trois m'embrouillent les neurones…) ce qui a la vertu de me faire finalement paraître très courte et pas du tout inabordable comme prévu la dernière montée annoncée sévère !! Encouragements et applaudissements de supporters qui nous annoncent le ravitaillement tout proche !
Au ravitaillement, re plein d'eau : j'ai bu toutes mes réserves !!! Chips, coca, discussion avec une bénévole sympa qui aimerait être à notre place, qui me prend en photo, et qui me dit que seulement cent coureurs du 35 km sont passés !! j'ai là un vague espoir de m'être améliorée par rapport à mon classement habituel, mais j'apprendrai plus tard que ce n'est que grâce à un fort taux d'abandon …Pas de Sandrine. C'est mauvais signe pour Dominique … et je repars, avant tous ceux qui m'accompagnaient depuis longtemps déjà, dommage.
Traversée de route, puis sous bois, nouvelle pause pipi (quelle perte de temps !!), puis c'est la bifurcation. Les routes des 35 et 100 km se séparent ici, je ne reverrai donc pas mes compagnons de route, et je ne reverrai en fait plus PERSONNE ni devant ni derrière moi jusqu'au village !! Descente droit vers le lac de Ste Croix, (ouille les pieds) puis virage à gauche, ça remonte légèrement sur une petite route goudronnée, ça tourne, à nouveau, retour à la civilisation avec quelques maisons le long de la route, et … je commence à entendre le son des hauts parleurs d'Aiguines ou j'ai des hallucinations auditives ??? Mais si c'est bien ça, mais il doit y avoir une boucle à refaire, il va falloir se re-éloigner d'Aiguines avant de revenir, ce n'est pas possible, je ne PEUX pas être déjà bientôt arrivée !!! Pourtant ça se précise, je distingue vraiment clairement que la femme qui tient le micro annonce l'arrivée d'un couple !!! Ca monte toujours sur la même route, je vois la femme enceinte qui remonte en voiture, j'entends qu'ils annoncent une arrivée au micro : C'EST LA MIENNE !!!! Le château d'Aiguines est là, un bénévole m'encourage, virage à gauche, ca redescend, je peux même me remettre à courir et CA Y EST, c'est la LIGNE D'ARRIVEE sous les applaudissements de Guillaume, ses parents, Dominique et Sandrine !!!
OUF !! Quelle BELLE COURSE, quel PAYSAGE MAGNIFIQUE !!
Encore pas de super classement, mais la satisfaction d'être allée au bout, ce qui malheureusement n'aura pas été le cas de tous vu l'énorme taux d'abandons ou d'arrêts par les barrières horaires en particulier sur le 100 km. Le Verdon pour Olivier restera t'il la course qui résiste encore et toujours à ses assauts comme le village d'Astérix résiste encore et toujours à l'envahisseur ? Merci en tout cas à Guillaume d'avoir finalement bifurqué sur le 35 km au moment du virage fatidique entre les deux courses, et à Domi d'avoir arrêté, rien que pour être là pour mon arrivée !! Mais non, je n'ai pas la grosse tête … Ceci dit il parait que la course à pied développe l'ego …
Encore un beau WE qui nous donne l'impression d'avoir passé une semaine entière de vacances et d'avoir vécu intensément !!!