Vous étiez tous bourrés quand vous avez signé, moi non, j'avais la migraine… et j'ai résisté, résisté, résisté … jusqu'à finir par accepter, c'était gratuit (merci Guillaume) et puis nous n'étions que deux résistantes, avec Anne, et j'avais peur d'avoir les boules en allant faire le reportage photo….mais ce n'était vraiment pas mon truc …
Dimanche dernier, après une préparation plus que légère le dernier mois (tendinite, rhinopharyngite…somatisation ?), après une soirée pasta party arrosée au malto dextrose (quoi, les copines en ont déjà bu 2 fois 1,5 litre et moi un verre … va falloir forcer la dose si je veux être à la hauteur), après une mauvaise nuit, levée deux fois, Lysanxia, ou pas … finalement recraché, me voila debout à 6h00 avec la nausée au bord des lèvres. Beurk le gatosport impossible à ingurgiter. Métro, heureusement avec tous les copains copines, consigne pour le sac, queue deux heures pour faire un tout petit pipi (trop tôt), entrée dans le dernier sas et c'est le départ !
Je pensais courir avec Isabelle et Agnès 42 kilomètres sans arrêter de bavarder, Arnaud avait d'ailleurs déjà imaginé ne pas supporter nos commérages, commentaires, et discussions sur nos coupes de cheveux, sous vêtements, etc, nous avions toutes les trois le même T-shirt pour faire équipe, j'avais prévu une visite guidée de Paris, j'imaginais rester aussi à la hauteur des copains Kikoureurs dont Sandrine, Dominique, retrouvés sur la ligne de départ, et Cédric … et pouf, dès les premiers mètres, tout le monde dispersé, cohue, plein de vêtements et déchets au sol, pas moyen de se retourner pour retrouver les copines, au risque de se casser la g..
Mon lièvre devant moi, j'adopte son rythme et ne réfléchis plus …Bientôt 5 km, Olivier me donne le premier gel. 1er ravitaillement, j'adopte la technique pas prévue mais qui semble être bonne de ne pas m'arrêter, j'attrape une bouteille au vol, la donne à Olivier, qui la vide dans sa gourde, puis je bois un peu plus loin.
KM 8, aïe, la tendinite se réveille …. Déjà ? Si tôt ? J'ingurgite un Doliprane en plus de l'Advil pris sur la ligne de départ. Et la douleur va et vient, augmente à chaque ralentissement. J'opte donc définitivement pour ne pas m'arrêter. KM 10 un gel antioxydant pour le genou, prescrit par mon coach personnel et toujours cette technique de boire après.
Les kilomètres passent, tout va bien question forme générale, Olivier m'annonce un temps possible en 4h34 si je continue au même rythme !! Je suis super motivée, je réfléchis souvent en "il me reste à faire 4 fois ce que je viens de faire", puis 3 fois, puis 2, tout me semble possible, je ne souffre pas. Nous atteignons nos premiers supporters, Guillaume et ses enfants, cela fait du bien ! Des enfants inconnus tendent la main pour qu'on leur tape dedans, j'ai l'impression qu'ils m'insufflent de l'énergie à leur contact !!
Olivier m'annonce que Fabien, accompagné de Patricio, qui a bien voulu nous l'amener pour qu'il puisse lui aussi nous encourager (Merci Patricio !!) sera bientôt là, il attend au km 26 ! Les retrouvailles avec mon fiston sont donc mon objectif à court terme pour l'instant. Le voilà, bisous, encore de l'énergie puisée auprès des copains supporters, puis je repars.
ET CRAC !! Juste après les avoir quittés, courbatures, puis contractures, puis crampes dans les deux quadriceps, la tendinite qui se réveille à nouveau plus fortement. Chaque pas est douloureux, mes cuisses sont en béton. Il me vient un leitmotiv qui tiendra jusqu'au bout : "c'est horrible !!" Il reste 16 kilomètres à parcourir ….
A partir de là tout est difficile, chaque kilomètre me semble une éternité, je rame, je pédale dans la mélasse, pourtant je ne suis pas essoufflée….mais je n'avance plus, il n'y a rien à faire. PANNE D'ESSENCE
Ravitaillement du 30ème km, je reconnais l'endroit où j'ai attendu Olivier il y a deux ans, en compagnie de Brigitte et Jean Marie, pour ne jamais l'apercevoir d'ailleurs. Guillaume est à nouveau là, avec Claire, Manon, Paul. Je cherche Fabien, mais non, c'est vrai il n'est pas dans cette équipe là de supporters … Guillaume m'annonce que "c'est à partir de là que tout se gâte, que ca devient vraiment dur" Ha bon, il est possible que ce soit pire que là ?
Petit arrêt fatal d'un quart de seconde, quand je repars, le genou me lance jusqu'en haut de la cuisse.
Puis dans ce qui me semble aujourd'hui une demi perte de conscience, je continue, je ne sais pas comment. J'ai beaucoup moins de souvenirs à partir de là. Encouragée par Olivier, dopée par les gels qu'il me donne régulièrement et que je n'arrive même plus à avaler toute seule, je poursuis, sans jamais imaginer m'arrêter. Je suis juste encore un peu obsédée par le temps que je vais mettre. La seule notion que j'aie de ma vitesse qui ne fait que fléchir, me vient des commentaires d'Olivier qui sont passés au semi de "tu peux le faire en 4h34" à si tu tiens, tu le feras en 4h40" puis "si tu ré-accélères un peu tu l'auras en 4h45" Mais non, là, je ne peux plus accélérer…De temps en temps, peut-être grâce aux gels et à nos nombreux supporters dont Nathalie et Francis, Anne et Joël, Isaura, les PYMA, Merci à eux !! je retrouve un semi regain d'énergie qui ne dure pas.
Puis coup fatal au moral, Agnès et Isabelle me doublent telles des fusées, des bolides, des … TGV !!! BRAVO à elles !! Même avec la motivation de ne pas être dernière du TGVV, et dieu sait que c'est une vraie motivation, ras le bol des dernières places, pas moyen de les suivre…
KM 40 j'entends parmi les spectateurs : "allez celui là, il ne vous échappera pas, vous le finirez" !! Je réalise seulement que depuis la ligne de départ je n'en doutais pas. Mon seul souci était finalement "en combien de temps"?
Dernier virage, des bénévoles arrêtent tous les "sans dossards" … Et m…. je vais finir sans Olivier ... et sans les copines qui sont arrivées depuis un moment déjà … Elle est où, cette p… de ligne d'arrivée ??? Ah tiens, la voila BIIIIIPPPP !!! C'est fini …
EPILOGUE
Je pensais avant le marathon, qu'après le marathon il y aurait deux choix seulement qui s'imposeraient : soit je serais contente de moi et je continuerais la course à pied, soit je serais mécontente et j'arrêterais tout ! Hé bien j'avais compté sans la solution : je ne suis pas contente de moi*, je suis même dépitée, presque déprimée, éternelle insatisfaite que je suis. J'ai toujours, trois jours après, du mal à marcher, monter descendre les escaliers, m'asseoir, me relever, mais je m'y recollerai un jour pour faire mieux que ça et sans souffrance !! Et pourquoi pas avec Anne à QUEBEC ?!
*Il faut dire que c'est dur de vous côtoyer, tous ces membres du TGVV et tous ces Ultrafondus ou Kikoureurs qui mettez la barre haute en vous enfilant des marathons haut la main à répétition, n'est ce pas Dominique, ou sans aucune souffrance comme une ballade du dimanche, n'est ce pas Constance, ou avec les moyens naturels du bord sans aucune potion magique, n'est ce pas Patricia, ou qui avalez les km au-delà du marathon sans broncher, n'est ce pas Guillaume et Olivier, et nouvellement Pascale et OPB, à tel point que courir un marathon n'est pas un exploit, il faut le finir, et vite, et bien, ou le dépasser !!
MERCI à mon coach et lièvre personnel de m'avoir donné le rythme, attendue, encouragée, nourrie, hydratée, Merci Olivier
PS Isabelle, rassure toi, non seulement je comprends bien les problèmes de tuyauterie (je dois être une très très grande sportive, alors, finalement), mais j'ai eu un peu les mêmes que toi, et ma pudeur à moi (qui est pourtant extrême) est tombée comme ma culotte sur mes chevilles, au nez et à la barbe des passants et des autres coureurs quand je leur ai montré mes fesses par deux fois, le long d'une haie, puis entre deux voitures. La preuve est d'ailleurs faite qu'Olivier à bien veillé sur moi et m'a bien hydratée, puisqu'il a fallu que j'aille encore soulager ma vessie en catastrophe dans un bar Parisien sur le chemin du retour..