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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 21:16

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Pour tous les membres du TGVV, un plein de joie et de bonheur pour Noël !

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 00:15

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 00:35

 

Rang Dossard Nom 1 Prénom 1 Nom 2 Prénom 2 catégorie équipe Temps
26 2117 Leboeuf Patricio Templier Didier VH 1:10:00
103 2020 Gesbert Patricia Lanfant Joël VM

1:24:06

123 2022 Cornic Lowles Nathalie Cornic Francis VM

1:12:34

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 00:29

201011~1201011~4

 

Reportage Dom ICI

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 00:08

 IMGP3516

 

Les photosICI

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 00:52

characters jokey

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 21:55

Olivier tourne en rond à Monaco depuis maintenant 3 jours et 3 nuits !! Il entame la quatrième nuit ...

Il a parcouru d'après le site de suivi live ICI (cliquer sur résultats) 259 km, 197 tours, en 78 heures et 45 minutes ....Il est 21eme sur 50 participants. Il y a une webcam (cliquer sur Live), mais la si on le voir, faut être patient, et se connecter en journée. La nuit, il y a peu d'activité ...J'ai testé quand je n'avais plus de nouvelles de lui ...
Il a mal aux pieds et dit "vive l'Ibuprofène".

Il n'a pas eu de téléphone pendant au moins 24 heures, donc pas d'encouragements... Heureusement il est à nouveau "branché" et sera certainement heureux d'être porté par vos SMS (comme je l'ai été pendant la réunion).

Alors si ca vous dit de contribuer à son aventure, TOUS A VOS TELEPHONES !!!

 

 

 

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20 novembre 2010 6 20 /11 /novembre /2010 00:50

 pho-carte-d-anniversaire-sportif-14-559-copie-1

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 00:33

 pho-carte-d-anniversaire-lucky-luke-6-466-copie-1

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13 novembre 2010 6 13 /11 /novembre /2010 13:19

J'ai survécu


Au manque de sommeil, au découragement,  au froid, à la pluie, puis au chaud, aux douleurs, aux quasi hallucinations ..

Mais j’ai vécu, une histoire formidable, une épopée, une aventure humaine et sportive, l’amitié, le partage, le dépassement de moi même

La pire des épreuves a été le manque de sommeil ...

 Le départ avait lieu jeudi 21à 22 heures. J'avais bien essayé d'anticiper et de dormir dans l'après midi mais il fallait peaufiner les sacs : sac a dos, sac de Cilaos, sac de la Possession, de l'arrivée, choisir les tenues qui seraient adaptées a chaque endroit, plus chaudes pour les nuits et les passages en altitudes, légères pour Mafate… Fabien est tombé malade le même jour (otite fébrile a mettre sous antibiotiques) alors que c'était sa sœur de 16 ans, Maëlle qui s'occupait seule de lui...Nous avions oublié d'aller chercher du liquide et de quoi manger pour eux ... Bref je n'étais pas assez sereine pour faire des "réserves" de sommeil. Malgré tout la première nuit s'est très bien passée alors que nous attaquions par 2300 m de dénivelé positif d'entrée de jeu.  Il faut dire que la cadence était lente en raison de nombreux bouchons créés par les 2555 coureurs sur des chemins parfois monotrace. Les km avalés de nuit a la frontale m'ont toujours paru plus faciles que ceux de jour par des chaleurs caniculaires par exemple. Olivier m'avait fait deux plans de route dont un en 48heures et un en 53 et j'ai eu la surprise de réussir malgré les bouchons à tenir le rythme du premier plan jusqu'à Mare à Boue où tout allait pour le mieux. J'étais accompagnée de Florent (cap92 sur UFO) dont j'avais fait la connaissance alors que nous étions encore "parqués" dans le stade de Cap Méchant. Nos objectifs étant à peu près les mêmes, nous avions  pris la décision de partir ensemble. La montée était féerique par moments, sous une lune presque pleine. Les milliers de frontales dans la nuit dessinaient un cordon lumineux tortueux. Nous évoluions au début entre des champs de canne à sucre puis au milieu de vacoas. Pendant les pauses forcées dues aux bouchons nous profitions d'un certain "folklore" local : les coureurs locaux se lançaient des appels en créole, faisaient des blagues et mettaient une bonne ambiance.

Il faisait froid au sommet, mais l'enthousiasme, voire l'excitation du moment faisait que tout allait bien. Quand nous somme arrivés à l'endroit où le point de vue était le meilleur sur le volcan en éruption le rythme était régulier, agréable, le jour pas loin de se lever, beaucoup se sont arrêtés, pas moi ! Nous étions venus 3 jours auparavant avec les enfants pour leur faire profiter de ce spectacle sans doute unique pour nous (la probabilité que nous soyons à la Réunion pendant une éruption étant faible, on ne pouvait pas louper ça, et nous savions que l'éruption pouvait ne pas durer). Ainsi le jour de l'arrivée de Pierre Yves et Marie-Ange qui nous accompagnaient pour faire le semi raid, nous avons fait deux heures de voiture et 1h30 de marche aller et autant au retour de nuit à la lueur des frontales. Leurs vacances démarraient au quart de tour et en beauté ! Je n'ai jamais vu Maëlle marcher d'un si bon pas, toujours en tête, dans la joie et la bonne humeur, malgré le froid et la nuit !!

Les ravitaillements de Foc Foc, le volcan et Piton Textor s’enchainaient. Une pause pipi par ci par là me rassurait par rapport à mon état d’hydratation mais me faisait maugréer d’être du sexe féminin et d’être obligée de perdre du temps à chercher un coin (relativement) tranquille.

Depuis Foc Foc nous avions pris le parti avec Florent de marcher vite et de profiter de tout faux plat descendant, même court,  pour trottiner. Je me lâchais dans les descentes  et nous dépassions pas mal. Florent ceci dit avait peur de s’exploser précocément les cuisses et aurait voulu ralentir dans les descentes pour s’économiser et arriver avec des réserves à Cilaos. Pour ma part je ne sentais aucune fatigue musculaire,  j’avais du mal à me freiner et à ne pas profiter de mon seul point (relativement) fort. Il montait beaucoup mieux que moi et j’avais peur qu’en nous attendant tous les deux sur nos points les plus faibles  nous finissions hors barrière.

 L’annonce de l’arrêt d’Olivier à Mare à Boue (50ème km) pour chute et grosse douleur à la cuisse l’empêchant de progresser m’a énormément étonnée, alors que pour nous tout baignait, mais ne m’a en aucun cas fait penser à m’arrêter …. Il avait décidé du coup de m’attendre au ravitaillent à Mare à Boue.

L’arrivée au ravitaillement a donc été royale, d’abord parce que des spectateurs assez nombreux nous encourageaient au passage et que leurs applaudissements m’allaient droit au cœur à m’en donner des frissons.  J’y étais enfin, coureuse du GRR, et non plus bénévole ou spectatrice, ou envieuse … et j’étais fière et heureuse d’être là … Arrivée royale aussi parce qu’Olivier était aux petits soins. Je n’ai pas eu besoin de faire la queue au ravitaillement, il m’avait déjà servi mon plat (pâtes et poulet.. il était 9h39.. Comment ne pas perdre la notion du temps ?) et je n’ai eu qu’à m’assoir pour manger. Il endossait le rôle d’assistant puisqu’il quittait celui de coureur.

J’ai profité de la pause pour changer de chaussettes et me masser les pieds comme mon « coach facebook » Juan me l’avait conseillé, et pour prendre un antalgique parce que des douleurs diverses et variées commençaient déjà à se faire sentir … Puis nous n’avons plus tardé à repartir parce qu’une pluie fine commençait à tomber et qu’il faisait froid.



Quelle n’a pas été ma surprise quand Olivier nous a doublés tel un bolide, en nous criant au passage qu’il repartait, qu’il verrait jusqu’où ca tiendrait !

Nous avons traversé des endroits enchanteurs où poussaient des arums sauvages, il ne pleuvait plus. Je vivais le GRR à cet endroit et cet instant comme une ballade se santé.

Dans une descente technique, pleine de racines et de grandes marches, Florent me précédait, quand, il s’est arrêté, me demandant de lui faire un strapping parce qu’il s’était fait une entorse de cheville !! Je maugréais (en mon fort intérieur) parce que le temps que Florent sorte son matériel et que je m’exécute, une flopée de coureurs nous était passée devant …. C’était vexant de voir passer tout ce monde et stressant de laisser le temps avancer sans bouger, alors que la route était encore longue … Ceci dit, Florent est reparti sans douleur, bien maintenu par son strapping qu’il trouvait super efficace, me remerciant tant et plus, content d’avoir son médecin personnel sous la main, et moi heureuse d’avoir pu lui être utile.

Puis le terrain est devenu plus compliqué, dans la forêt primaire de Bélouve, avec une boue profonde alternant sans cesse avec des racines mouillées, et la météo moins clémente avec une reprise de la pluie.  Moi qui avait peur d’avoir mal choisi mes chaussures, je me suis vite rendue compte que quel que soit le modèle ou la marque de ses chaussures  (Hoka Mafate, comme moi, réputées mauvaise dans la boue, ou autre), tout le monde glissait à chaque pas ! J’entendais bon nombre de coureurs maugréer … Tout le monde trouvait ce parcours long épuisant et monotone. En fait les autres coureurs avaient mieux lu le road book que moi et s’étaient rendu compte que l’organisation avait changé le parcours au denier moment et avait choisi de nous faire quitter la route pour ce chemin de foret, mais n’avait pas changé les barrières horaires…

Moi qui de plus avançais sans montre, je ne me méfiais pas assez de la barrière qui tout d’un coup de ce fait nous collait aux fesses !!!

Dans la descente sur HellBourg Florent s’est mis à faire selon son terme du pacman (doubler un maximum et compter les coureurs doublés, sans les laisser remonter), pour garder de la marge sur ces fameuses barrières. Je l’ai suivi un moment puis l’ai laissé filer devant, le terrain était trop glissant, les coureurs trop nombreux, et ceux qui me précédaient avaient une allure correcte à mon goût.

C’est dans cette descente si mes souvenirs sont bons, mais l’effort la fatigue, les endorphines, ne m’ont laissé que des souvenirs  flous, qu’à mon tour, ma cheville droite a tourné à deux reprises, sans provoquer une bien grosse douleur. J’ai ralé en mon for intérieur contre les Hoka qui avaient tendance effectivement à trop corriger ma pronation naturelle, mais me suis rassurée en me disant qu’il n’y avait aucun dégât, puisque pas de douleur…et j’ai continué cette longue descente, ce plongeon vers Hell Bourg et la brume qui l’envahissait.

J’y ai retrouvé Florent surpris qui ne m’attendait pas si vite, me suis un peu alimentée, ai refait des pansements de pieds, puis suis repartie seule..  Florent avait du repartir avant moi.  Je m’attaquais à une grosse montée de 1484 mètres, avec au bout le Piton des Neiges. Je me suis avalé un de mes gels, et me suis accrochée au « wagon » des coureurs de devant. Après quelques virages, j’ai eu la surprise de retrouver Florent assis au bord du chemin. Je suis passée en lui disant deux mots, persuadée de le revoir quelques mètres plus haut… Mais ca n’a pas été le cas.. C’était en fait la dernière fois que je le voyais .. Puisqu’il a abandonné à cet endroit précis et est redescendu sur Hell Bourg, comme je ne l’ai appris que plus tard.



La montée s’est faite beaucoup plus raide, il fallait mettre les mains pour franchir certains passages, faire des enjambées énormes  sans pouvoir en choisir la taille, qui sollicitaient énormément les jambes .. J’entendais régulièrement des gens … vomir !! J’ai compris que j’avais atteint le fameux Cap Anglais, montée réputée terrible…. La nuit tombait.

Malgré tout j’étais motivée, je marchais dans les pas du bonhomme qui me précédait sans le lâcher... Je ne lâchais rien,  je m’accrochais, selon les recommandations par SMS de Manu, Céline, Pierre, ...



 J’attendais la fameuse croix, qui devait annoncer la fin de la montée la plus raide d’après les coureurs qui en parlaient autour de moi, et d’après les spectateurs. Après cette croix, il n’y avait d’après eux, plus qu’un quart d’heure ...

Jusqu’au moment où, ayant déjà dépassé cette foutue croix que je n’avais même pas vue, depuis au moins ¾ d’heure, ça montait toujours, certes moins fort, mais ca montait, la nuit était noire, Olivier m’avait appelé et annoncé qu’il n’y avait pas ¼ d’heure après la croix mais une heure trente …Il m’avait également alertée par rapport à la barrière très proche, il voulait qu’on s’appelle quand je serais à Cilaos, pour voir s’il était prudent que je m’engage dans Mafate sans marge, avec le risque de me faire arrêter en pleine cambrousse, sans aucune possibilité de me faire rapatrier … Jusqu’au moment où, brutalement, le découragement puis le sommeil se sont emparés de moi.. J’ai commencé à lâcher les coureurs de devant, je me suis fait doubler en masse, me suis retrouvée seule. J’ai arrêté d’y croire d’un seul coup. Je me suis mise à tituber, mes yeux se fermaient, je faisais un pas en avant, .. un pas en arrière, un nouveau pas en avant, … deux sur le coté … Une chape de plomb s’était abattue sur mes épaules, j’avais froid, je ne voyais pas le moindre gite en vue. Je n’avais plus qu’une idée obsédante en tête : dormir… Je n’y croyais plus, je voulais être mise hors course par la barrière, je ne voulais plus entendre parler de trail, de course à pied, plus d’ UTMB. C’était un sport qui n’était pas fait pour moi, je m’étais laissée entraîner dans l’ultra bêtement, juste attirée naïvement par les départs et surtout les arrivées émouvantes de l’UTMB.  Je me suis assise sur le coté du chemin, un peu à l’abri du vent froid, le dos calé contre une pierre, et me suis endormie … Il faisait entre 2 et 4 degrés, j’étais en short, le dos mouillé par la sueur… Et j’ai appris plus tard que bon nombre de coureurs avaient fait des hypothermies pendant la course ...

Heureusement un coup de fil d’Olivier m’a réveillée, il m’a stimulée, dit que le gite était tout près et qu’il fallait absolument que je l’atteigne pour y dormir au chaud. La perspective d'un lit de camp m'a aidée à me bouger. J’ai repris le « train » d’un groupe de coureurs, me suis imposée au milieu d’eux. La lumière de leurs frontales m’a un peu sortie de ma torpeur, je mettais les pieds machinalement là où celui de devant avait mis les siens, et tant bien que mal, suis arrivée au gite tant attendu, qu’on voyait de loin juste à quelques mètres de l’endroit où je m’étais arrêtée !!



Au ravitaillement,  j’ai entendu que le gite était saturé !! Qu’on ne pouvait plus y entrer... Impossible ... Je me suis imposée, j’ai forcé le passage, enjambé des coureurs enroulés dans leur couverture de survie, assis a l’abri du vent contre le mur du gite, j’ai dit qu’il FALLAIT que je dorme, même par terre… Une femme médecin m’a montré un lit de camp, je m’y suis affalée à plat ventre, sac sur le dos et chaussures au pied … Elle a tenu à ce que je m’installe mieux, m’a donné couverture de survie et couverture de laine, mais m’a tout de suite annoncé qu’elle me réveillerait au bout d’une demi heure, parce que les places étaient chères et qu’il y avait la queue.

Lorsqu’elle m’a effectivement réveillée après une demi heure d’un sommeil profond, je me suis proprement fait virer. Quand on me dit que j’ai bien géré ma course et mes temps de sommeil, je rigole en repensant à quel point j’ai juste laissé se dérouler les événements en intervenant à peine sur eux… J’ai pris les choses comme elles arrivaient dans l’ordre où elles arrivaient, et surtout comme elles s’imposaient souvent brutalement à moi…

 Après cette ½ heure d’un sommeil qui s’est révélé très réparateur (mon "coach-par-correspondance" Juan avait raison) j’ai mis un moment à réaliser où j’étais … me suis assise au bout du lit pour me relever, mais me suis mise à grelotter, avec tous mes habits sur le dos et les deux couvertures … Une bénévole m’a apporté une soupe chaude. Puis le kiné qui massait mon voisin m’a demandé de laisser la place … Je n’avais aucune idée de la suite des événements, lorsque la bénévole est venue me dire en souriant qu’il fallait repartir. Ce n’était trop tard, pas fini ?  Non, la barrière avait été repoussée d’une demi heure, j’avais largement le temps d’après elle d’atteindre Cilaos, et je ne pouvais de toute façon en aucun cas me faire rapatrier d’ici, au Piton des Neiges. Il fallait que je redescende par mes propres moyens, quitte à redormir à Cilaos pour pouvoir repartir … Un nouvel horizon m’est soudainement apparu avec ses paroles !!! J’étais encore en course, encore traileuse, le GRR était encore faisable !!!

J’ai repris un antalgique, la douleur au pied et aux genoux étant bien présente à froid, pointé le bout du nez dehors, reculé, trop saisie par le froid … Sorti ma couverture de survie, m’en suis couverte après avoir emprunté du sparadrap à une infirmière pour qu’elle tienne sur mes épaules, et suis repartie affronter le froid et la nuit tel un fantôme bruyant, un Zorro doré. Rapidement les jambes se sont dérouillées, j’ai dû enlever les couches de vêtements les unes après les autres, et j’ai réussi à retrotter dans la descente, ce qui m’a permis de redoubler quelques personnes. Le temps ne m’a pas paru long, j’entendais de l’animation en bas, des applaudissements, des voix. La route a succédé au chemin, j’ai continué à courir, rattrapé un coureur isolé par ci par là, puis ai atteint le stade de Cilaos sous les applaudissements, à 00h15 (pour une barrière repoussée de 00h30 à 1h00)… J’avais à nouveau chaud au cœur, après m’être réchauffé le corps…

Repas, j’ai récupéré mon sac de Cilaos, me suis changée en optant pour tous les mauvais choix : je me suis habillée chaudement, j’ai opté pour corsaire et Tshirt noir + polaire et veste plus épaisses que celles que je quittais… J’avais souffert du froid, mais je n’avais pas réalisé que le jour se lèverait vite et que dans Mafate j’aurais cette fois ci la chaleur à affronter … J’ai cherché un lit de camp libre et une couverture, denrées rares… Quand je me suis enfin allongée, il ne me restait que trois quarts d’heure pour dormir si je voulais garder ½ heure d’avance sur la barrière.. Mon voisin qui m’avait gentiment demandé combien de temps je voulais dormir et si je voulais qu’il me réveille ( !!) ronflait .. Je n’en ai pas souffert longtemps … Quand il m’a réveillée, je n’arrivais pas à me bouger… Il a fallu le coup de fil d’Olivier pour que je me lève enfin.

J’ai repris le départ, me suis fait biper à 03h02 pour une barrière à 03h30. A posteriori je me dis que j’ai passé beaucoup trop de temps au stade pour si peu de sommeil.
J’ai eu une pensée au passage pour Pierre Yves et Marie Ange qui allaient bientôt arriver au même endroit pour leur départ du Trail des Bourbons à 6h00.


J’ai traversé la ville et ai revu la même scène il y a trois ans, lorsque Cédric (Castor Junior) et Olivier étaient passés par là, de jour, au milieu du marché de Cilaos. J’étais heureuse d'être à leur place aujourd'hui ! En chemin j’ai discuté avec une femme qui habitait Gif sur Yvette et avait été institutrice plusieurs années à l’école de la Roche à Villebon sur Yvette. C'était un peu surréaliste d'évoquer mon chez moi près de Cilaos en pleine nuit ...


Nous étions peu nombreux sur cette portion du grand raid. J’ai donc été très surprise de retrouver toute une foule au ravitaillement du sentier du Taïbit, auquel je me suis peu arrêtée.

J’ai enchainé sur la montée du col alors que le jour se levait. J’ai quitté ma frontale, ai adopté un rythme lent, ai été surprise de voir des hommes m’emboiter le pas sans me doubler. Puis brusquement, le sommeil m’a à nouveau assommée. Je venais de doubler un coureur qui s’installait dans sa couverture de survie sur le bord du chemin … Je l’ai rapidement imité parce que je gardais le souvenir lors du semi raid d’une montée relativement longue et raide que je ne me sentais pas du tout d’affronter sans redormir. J’avais programmé  mon Iphone pour un réveil au bout de ¾ d’heure. Deux coureurs m’ont en fait réveillée au bout d’une demi heure, en me recouvrant de ma couverture !! Je les ai entendu commenter « j’espère qu’il ou elle dort bien, et n’est pas en difficulté ». J’ai été touchée par autant de sollicitude, mais je n’ai pas pu les remercier .. Le temps que je me relève ils n’étaient déjà plus là.



J’ai repris un gel, ai redémarré transie, puis, comme d’habitude, me suis réchauffée, et ai enlevé des pelures au fur et à mesure de ma progression. Pendant la montée j’ai retrouvé avec joie Christian, qui logeait au même hôtel que nous. Quand j’ai quitté l’ombre des arbres, j’ai senti que la journée allait être chaude et que je n’avais peut être pas fait le bon choix vestimentaire …

Un hélicoptère nous a survolé un moment, puis en repartant, couverts  de pollens tombés des arbres sous l’effet du vent qu’il soulevait. Petit coup de stress en me disant qu’il devait y avoir un blessé dans les parages …

Très rapidement, beaucoup plus que prévu, je me suis retrouvée au col !! Dans la joie et l’allégresse !! J’aurais trop aimé me faire biper ici pour dire à tous les copains qui surveillaient ma progression que j’étais là, au col du taïbit, ravie, en forme, reposée. Du coup j’ai pris le temps d'envoyer des SMS à plein de copains. Il était 8h06. J’ai eu Olivier au téléphone qui m’a rappelé que la descente sur Marla n’était pas longue. Je me souvenais également y avoir bien couru pendant le semi raid. J’ai donc plongé à fond vers Mafate. Quand la vue s’est dégagée sur le célèbre cirque, j’étais en quasi extase. Il faisait beau, le paysage était magnifique. J’entendais le chant de coqs qui avaient l’air de se répondre d’un côté à l’autre de la vallée. La descente n’a en effet pas été longue, j’ai doublé, et suis arrivée en courant avec une autre femme sous les applaudissements encore une fois et les encouragements de spectateurs, souvent étonnés et admiratifs devant la présence de femmes sur ce type de courses.

Au ravitaillement, j’ai particulièrement été touchée par la prévenance et la disponibilité, la gentillesse des bénévoles, qui étaient aux petits soins, venaient nous aider à remplir les camelbacks, nous  nourrissaient en devançant nos besoins.  J’ai eu l’occasion de discuter avec le pilote de l’hélicoptère qui nous avait survolés qui en fait réalisait un reportage photo et qui m’a dit en repartant que si  je le voyais au dessus de moi il faudrait que je fasse de grands signes pour qu’il me prenne en photo !! En discutant avec les « gentils bénévoles » comme il était justement inscrit sur leur Tshirt, j’ai réalisé avec émotion à ce moment là seulement que j’avais dépassé la distance que j’avais jamais parcourue : j’étais au km 103, heureuse, dans un cadre idyllique !! La vie était belle !!



J’ai eu du mal à repartir d’un si bel endroit aussi accueillant… Il y a avait de la musique et de l’ambiance en plus de la chaleur humaine..

J’ai repris le chemin, mais me suis décidée à m’arrêter pour mettre ma saharienne devant une déjà assez fort chaleur à cette heure précoce de la matinée, quand une spectatrice est venue me parler, ébahie, ne cachant pas son admiration, me qualifiant de grande sportive (moi la moins sportive de ma classe au lycée).. Je n’avais pas l’impression de mériter tout çà, mais je suis repartie de Marla décidément gonflée à bloc !

Le cheminement jusqu'à Trois roches était facile, agréable. Je guettais l’hélico qui ne s’est finalement jamais rapproché de moi .. Entre Trois Roches et Roche Plate, j’ai commencé à souffrir de la chaleur mais la beauté du paysage, le bavardage avec d’autres coureurs m’ont distraite. J’ai eu la surprise d’arriver à Roche plate par le coté opposé de l’arrivée du semi raid. Il était 10h23

Pause sur les marches d’escalier de l’école, plein d’eau, me suis déchaussée pour me masser les pieds et faire un peu l’état des lieux devant une douleur tenace au bord externe du pied droit, quand j’ai constaté que ma cheville droite était gonflée, et bleue … Mon voisin a formulé ce que je me demandais , un peu étonnée .. Tu t’es fait une entorse ? Ben oui, on dirait bien … Mais la fatigue m’a a nouveau assaillie au même moment, je me suis rechaussée sans repenser à mon pied, me suis renseignée sur la possibilité de dormir ici. Il n’y avait que des lits de camp en plein soleil. J’ai finalement préféré aller dormir à Deux Bras, sans réaliser que c’était encore loin de là .

Je suis repartie en compagnie d’un coureur avec qui j’avais discuté à Marla, pour finalement décider de m’arrêter à nouveau au bord du chemin, pour repiquer un roupillon, à nouveau terrassée... Au moment où je m’arrêtais, une femme me dépassait. Elle me semblait correspondre parfaitement à la description qu’Olivier m’avait faite de Francoise 84 sur Kikourou, dont plusieurs personnes m’avaient parlé. Echanges de quelques mots, c’était bien elle... Dommage de la laisser partir sans pouvoir profiter de sa compagnie … Je me suis assoupie en quelques secondes, mais j’ai presque aussitôt été réveillée par des voix, et je n’ai jamais pu me rendormir … J’étais un peu vexée d’avoir pris le temps de me déchausser et de m’installer confortablement pour ne pas dormir et je suis repartie seule. J’ai tout de même mis ma pause à profit pour enlever mes boosters qui me tenaient trop chaud, pas étonnant, j’ai appris alors qu’il faisait entre 28 et 30 degrés !!

Dans la descente suivante, j’ai doublé des boîteux, des strappés, des douloureux … que j’ai beaucoup revus par la suite. A partir de là approximativement, environ la moitié les hommes qui étaient à ma hauteur montaient mieux que moi mais je les redépassais dans les descentes parce qu’ils étaient blessés ou avaient mal aux genoux le plus souvent.



Nous sommes arrivées ensemble avec Francoise à l’ilet d’Orangers et avons pu bavarder en nous ravitaillant. La voyant prendre un café, je me suis dit que ce ne serait peut être pas idiot que je fasse de même, moi qui ne bois habituellement que du décaféiné. Nous avons quitté ensemble le ravitaillement, mais je suis repartie plus vite qu’elle sur mon point le moins faible, la descente.

Le passage entre l’ilet d’Orangers et Deux bras m’a à nouveau paru idyllique. Le paysage était grandiose, la lumière magnifique, le parcours agréable. J’avais l’impression de faire une belle grande randonnée, je me promenais presque nonchalamment, je profitais de chaque endroit, de chaque instant, la fatigue était oubliée. J’en ai profité pour faire quelques photos alors que je m’étais promise de ne pas le faire pour ne pas perdre de temps..  Je me suis fait la réflexion à ce moment précis qu’il n’y avait vraiment rien d’« héroïque » à être là, ce n’était vraiment que du plaisir et j’ai enfin compris tous ces coureurs qui  parlaient de plaisir lors de courses de cette taille, ce qui me paraissait impossible jusqu’alors. Le seul bémol était que je ne recevais plus aucun SMS… J’étais dans un vide GSM. Or les nombreux SMS que j’ai reçus jusque pendant toute la course m’ont énormément soutenue . J’y ai puisé force et courage, et je remercie encore de tout mon cœur tous ceux qui m’ont écrit.



Sur le plat avant Deux Bras le long de la rivière des galets, un homme m’a doublé à bonne allure et m’a félicitée pour ce que j’avais fait, me disant qu’il ne serait pas capable d’en faire autant. Je ne comprenais pas et lui ai répondu qu’il en avait fait autant, quand j’ai réalisé que c’était un coureur du trail des Bourbons !! J’avais atteint la partie commune aux deux courses et je me suis retrouvée au milieu d’un grand nombre de coureurs au bracelet bleu, alors que nous les bracelets jaunes étions très éparpillés sur le grand raid quelques minutes auparavant. Je me suis sentie quelques instants envahie, dérangée par ce monde, puis surtout boostée, et je me suis installée dans la même allure que les semi raideurs, qui ne m’ont plus dépassée jusqu’à Deux Bras.

Lorsque j’ai atteint le ravitaillement, la nuit tombait. J’ai rapidement fait le tour des installations, et constaté qu’il n’y avait pas un lit de camp de disponible ! il y avait foule aux plats chauds et à l’eau. Des gens faisaient la queue pour se faire masser, soigner les pieds ..  J’ai vite pris la décision de ne pas dormir ici. Il y avait beaucoup trop de bruit et d’effervescence et il aurait fallu attendre qu’un lit de camp se libère or ça ne bougeait pas beaucoup de ce coté la (J’ai appris plus tard que certains avaient dormi 6 heures d’affilée à deux bras, pas comme au piton des neiges où c’était plus équitable et où chacun avait droit à un petit bout plutôt que quelques uns à une vraie nuit …)

J’ai encore passé trop de temps, en particulier à trouver où me laver les mains pour pouvoir remettre mes lentilles (j’étais passée aux lunettes à Roche Plate quand mes yeux s’étaient collés et embués d’avoir porté mes lentilles 38heures d’affilée, y compris en dormant… Constance, pas taper). Je n’ai d’ailleurs trouvé qu’une bouteille d’eau minérale et pas de savon, ce qui m’a paru léger pour une base vie …

 J’ai retrouvé Christian qui arrivait alors que je me préparais à partir, nous avons fait un brin de causette. J’ai regretté de ne pas voir Pierre-Yves et Marie-Ange, qui n’étaient pas bien loin.

 

Puis j’ai enchaîné, dans une forme étonnante, avec la montée de Dos d’Âne que j’appréhendais pour l’avoir mal vécue aux barrières horaires sur le semi raid deux ans auparavant. J’ai réussi à distancer un petit groupe et à trouver un « trou » dans le flot continu de coureurs, ce qui m’a permis de monter à mon rythme, sans être influencée par quelqu’un devant ou derrière. J’avais repris un café au ravitaillement et un gel au début de la montée, et j’ai avalé le dénivelé et passé les échelles et les passages de « semi escalade » sans aucune souffrance. Je me souvenais d’un nombre infini de lacets dans la forêt et j’ai été surprise, alors que je discutais avec un bonhomme de ses problèmes de digestion de me retrouver soudain dans la ligne droite entre deux grillages qui annonçait Dos D’Âne, et ce, sans m’être fait dépasser, même par les semi raideurs !!



Olivier et les garçons m’attendaient au milieu des spectateurs, qui une fois encore acclamaient les coureurs. J’ai encore eu un petit frisson en passant au milieu des nombreuses personnes postées là à attendre leur coureur, et été fière et heureuse à cet instant encore de porter ma puce attachée à mon bracelet jaune !

Au ravitaillement qui avait été déplacé par rapport aux éditions précédentes, Olivier et les garçons m’entouraient, me filmaient, me prenaient en photo. Dès que je me suis arrêtée j’ai senti le froid, mais ils m’avaient apporté une couverture et j’ai pu me poser deux minutes, me déchausser, me masser un peu les pieds sans grelotter. J’ai repris du café en me disant que c’était vraiment le remède miracle contre le sommeil, puisque je ne ressentais pas le besoin de dormir alors qu’il était  22 heures environ, qu’ils faisait nuit noire et que j’entamais la troisième nuit de mon périple avec seulement 2h30 de sommeil depuis 48 heures de course .



J’ai vite déchanté … J’ai entamé la pire des descentes … glissante, toute en poussière, rien pour arrêter les pieds.. Le seul moyen de contrôler sa vitesse était de s’accrocher aux arbres. Régulièrement il me fallait également me mettre en appui sur les deux mains sur des rochers pour passer les jambes, je commençais à avoir trop mal aux genoux aux pieds et trop peu confiance dans le sol pour franchir normalement les grandes marches que de grosses roches formaient. (l'entraînement aux 25 bosses a été profitable ici) J’ai commencé à laisser passer du monde, j’avais trop honte de la façon de débutante avec laquelle je descendais et j’aurais créé des bouchons derrière moi. C’était mauvais pour le moral, moi qui double habituellement en descente …

Puis la route a succédé au chemin, c’était facile mais les impacts sur ce sol dur me faisaient souffrir des pieds, en particulier du pied droit. J’ai profité de ces instants pour répondre à quelques SMS et pour en relire certains qui m’avaient particulièrement fait chaud au coeur, tout en marchant. J’ai discuté avec un jeune médecin anesthésiste parisien, de médecine, de Paris, du vélib, cela m’a distraite un moment, et rebelote, le chemin difficile a repris, mon collègue m’a distancée, j’ai repris un coup au moral. Cette descente dans les racines la poussière qui alternait avec les rochers était interminable.. Je commençais à me sentir hypnotisée par le halo de ma frontale. Les racines, les pierres, les branches se succédaient depuis des heures, peut-être… j’ai eu l’impression de revenir en arrière, le chemin s’est remis à monter puis encore la descente, toujours pareil. Et soudain, j’ai reconnu un caillou, puis une branche.. puis un rocher, et encore une branche … On était déjà passés là … on nous faisait tourner en rond… L’organisation se moquait de nous. Encore une branche, un virage, une pierre connus. J’étais la seule à me rendre compte qu’on se fichait de nous ??? Non, … je me suis reprise.. Je devais être en proie à des sortes d’hallucinations… Il aurait fallu que je dorme, que je dorme, que je me pose, que je m’allonge… Les lumières de La Possession ont commencé à être visibles … Un chemin plus plat et plus facile a suivi, mais tout aussi interminable … La fin de la descente m’a semblé durer un siècle, les lumières de la ville me semblaient être des mirages, l’oasis tant attendue qui disparaissait derrière les arbres, qui réapparaissait tout aussi lointaine. Je m’accrochais aux pas d’un bonhomme avec qui j’avais entamé une conversation, mais j’ai du le laisser partir... J’avais décidément trop mal aux pieds, et il m’a fallu une fois de plus m’isoler pour soulager ma vessie. Sur ce chemin rectiligne, pas facile de trouver un peu d’intimité. Et si je m’éclairais pendant l’ « opération » tout le monde me verrait.. Quelle galère décidément de ne pas pouvoir pisser debout !

La civilisation a enfin eu l’air de se rapprocher, quelques bénévoles indiquant qu’il fallait tourner . Je leur ai demandé combien il restait … un quart d’heure !!! Je croyais toucher au but et pouvoir me coucher, mais non, encore un quart d’heure avant la Possession, qui était encore séparée de l’arrivée par 1191 m de dénivelé positif … Je n’étais plus qu’un zombie, je voulais obstinément dormir, et il fallait encore avancer un quart d’heure …



Enfin j’ai atteint et marché sous les lumières de la ville ! Des applaudissements, du monde .. Juste avant le stade une belle pelouse me tendait les bras.

Au ravitaillement j'ai retrouvé Olivier seul. Les garçons étaient allés se coucher. A Dos D'Âne j'avais imaginé un instant que je finirais le GRR d'une seule traite sans redormir. Ici la question ne se posait pas... Les 1191 mètres de dénivelé positif qui restaient à franchir me paraissaient infaisables, inaccessibles, du domaine du pur rêve si je ne dormais pas auparavant...Dire que pour tous j'avais fait le plus dur... Pour moi c'était l'épreuve la plus terrible qui me restait. Depuis que j'avais passé la barrière du Piton des Neiges et surtout depuis Mafate qui m'avait tant plu je n'avais plus de doute sur l'issue du grand raid. Plus jamais l'idée de devoir m'arrêter ne m'a effleuré l'esprit, mais à La Possession, cette dernière montée c'était la mer à boire pour moi. J'ai mangé des pâtes sans sauce ni beurre ni gruyère ... bu, fait le plein, puis je me suis lavée les pieds les jambes, j'ai changé de chaussettes refait mes pansements de pieds et enfin je me suis couchée, pas sur la pelouse qui pourtant m'avait alléchée, parce qu'il aurait fallu sortir du ravitaillement et le contourner pour l'atteindre. Un lit de camp s'est libéré juste avant que je ne m'endorme sur un banc en bois plus qu'inconfortable. Olivier, encore aux petits soins, voire même presque trop empressé, m'avait à nouveau apporté une couverture et, luxe immense, mais objet complètement incongru ici, un oreiller ! J'avais prévu de dormir une heure mais Olivier jugeant que j'avais le temps, m'a octroyé un quart d'heure de plus. Le sommeil n'a pas été aussi profond que lors des siestes antérieures en raison d'une douleur lancinante aux deux genoux qui était déjà là mais moins forte pendant mon sommeil à Cilaos, mais que je ne sentais pourtant pas du tout en marchant. Malgré tout, quand je suis repartie, le jour se levait, j'ai pu rapidement ranger la frontale, et je me suis sentie comme (presque) neuve ! J'avais presque l'impression d'avoir fait une nuit entière et étrangement du coup d'avoir un peu "triché" !

 

Pendant que je dormais Pierre-Yves et Marie-Ange sont arrivés à La Possesseion et repartis.. Je n’ai pas pu faire un seul pas avec eux à mon grand regret …

Sur le chemin des Anglais entièrement pavé de morceaux de lave, très exigeant pour les jambes et les genoux je me suis félicitée à maintes reprises d'avoir dormi. Il fallait être constamment vigilant et aller de pierre en pierre. Le "dallage" était plus régulier au milieu du chemin et c'était amusant de se fixer un objectif : laisser deux pierres entre chaque pas. Comme les enfants qui ont du mal à marcher et qui se fixent de ne jamais toucher du pied la terre entre des pierres ou le joint entre deux dalles... Ce qui est devenu un jeu de jour aurait été horrible de nuit à la lueur de la frontale. Je marchais à cet endroit avec un jeune accompagné de son père, qui comme beaucoup d'autres me doublaient à la montée mais que je redoublais à la descente et qui était étonné que je n'aie pas plus mal que ça aux genoux. Il faut dire que j'étais depuis Mare à Boue sous antalgiques !

Après ces 300 mètres de dénivelé positif et négatif passés à aller de caillou en caillou, j'ai retrouvé Olivier qui a marché 400 mètres environ avec moi jusqu'au ravitaillement de Grande Chaloupe.

Au ravitaillement j'avais de la marge sur les barrières horaires du Grand Raid, mais pas les semi raideurs ... Plusieurs se sont fait arrêter à ce niveau et reprendre puce et dossard !!! Un coureur réunionnais trés dépité et énervé s'est mis à hurler après avoir asséné un grand coup sur la table. J'ai cru un instant qu'un coup de feu avait été tiré tellement l'impact avait été violent ! Je comprenais bien sa terrible déception mais son moyen de l'exprimer était un peu démesuré...


Café, attendu 10 minutes, et croissant, bien que de la veille m'ont fait un bien fou. Pour une fois j'avais droit à un petit dej à l'heure du petit déj :-)

Alors que je quittais Olivier j'aurais pu être émue, sachant que quand je le retrouverais, ce serait à l'arrivée en tant que finisheuse, mais je pense que la fatigue, bien que pas aussi importante qu'au Piton des Neiges ou à La Possession, m'a empêché de profiter pleinement de la situation, depuis ce moment là et jusqu'à l'arrivée. Il faut dire que le dénivelé qui me restait m'impressionnait toujours et que comme je n'avais pas lu le Road book, je croyais qu'il restait du chemin difficile.

En réalité il restait encore des kilomètres mais d'abord sur un chemin encore pavé de lave puis sur la route, partie pendant laquelle j'ai bien bavardé avec un métro ravi d'être à la Réunion depuis un an qui trouvait que tous les we avaient des airs de vacances là bas. Au cours de la conversation j'ai appris que je saurais que je serais à Colorado, le dernier ravitaillement et le dernier point haut avant la dernière descente, quand je verrais la grosse boule blanche du radar météo. J'en ai rêvé pendant des km de cette station météo ... Puis j'avais peur de la voir... Peur de constater qu'elle était (serait?) encore trèèès loin ...



Enfin nous avons enfin quitté la route pour passer dans un bois frais et sombre. J'attendais le Colorado comme une délivrance, le Colorado résonnait dans ma tête comme l'Eldorado...
Quand je l'ai enfin vue cette fameuse grosse boule blanche, elle était géante et toute proche et on voyait le ravitaillement, que j'ai enfin atteint sous une petite pluie fine et des rafales de vent ...
Là, déception ... pas de spectateur... Pas d'applaudissement, pas d'encouragement... Si près du but, aucune félicitation ? Pffff il y a avait du monde mais que des coureurs un peu abattus voire un peu hagards.

Quand le chef de poste est venu discuter avec moi de mes chaussures, de la métropole etc, j'ai parlé volontiers avec lui, parce que ça rendait cette arrivée au ravitaillement moins tristounette. Mais du coup je suis encore restée trop longtemps.

Après le ravitaillement un beau chemin large en légère descente m'a décidée à reprendre la course, d'autant que je me souvenais que je risquais de ne pas courir longtemps, la dernière descente m'ayant paru difficile pleine d'embûches lorsque je l'avais prise pendant le Semi Raid.
Mais un groupe de trois coureurs dont un très boiteux couvert d'elastoplaste m'a interpelée en me demandant si je n'étais pas infirmière ... Non ... Kiné ? .... Non, ... médecin ! Ouaaah alors vous allez pouvoir nous dire ce qu'a notre copain ?! C'était au final une probable périostite mais ils avaient également toutes autres sortes de bobos ...

Après les avoir écoutés, conseillés en marchant, je les ai quittés pour reprendre la course sur ce beau chemin bien large et accueillant. Le redémarrage a été plus que dur. J'étais rouillée, douloureuse de partout. Au pied droit et aux genoux s'étaient ajoutés depuis longtemps déjà des douleurs du coup de pied et des orteils. Dès les premiers pas, j'ai trébuché et ai eu l'impression d'être un personnage de dessin animé dont les jambes courent après le corps pour le ratrapper et éviter la chute, et après un suspense qui m'a semblé durer une éternité, j'ai réussi à me ratrapper, bien contente de ne pas m'être étalée devant mes trois éclopés. Les mètres suivants étaient catastrophiques. Je me suis pris les pieds dans toutes les racines, souches, pierres qui dépassaient, j'ai glissé, crié des onomatopées. Je n'avais jamais eu le pied aussi incertain !! Et enfin en me réchauffant j'ai repris une foulée un peu plus sportive. Il était temps parce que j'arrivais dans la portion la moins roulante.
C'est la que tout d'un coup j'ai eu envie de me lâcher et de me venger de cette descente que j'avais faite de nuit il y a deux ans à deux à l'heure et de la longue et mauvaise descente de la nuit dernière sur la Possession. Je me suis fait plaisir à reprendre de la vitesse... Jusqu'au moment ou je suis tombée sur un bouchon d'au moins une dizaine de personnes... J'ai hésité puis y suis allée franco... Je leur ai franchement demandé si ceux qui ne voulaient pas courir acceptaient de me laisser passer, plutôt que d'essayer de doubler alors que c'était technique et pas large. Ils se sont tous écartés en bloc et m'ont laissé la place !!! J'ai pu finir à mon rythme, en redoublant encore un coureur par ci par la. J'en oubliais que j'avais bientôt mes 163 km dans les jambes. Je ne me connaissais pas de telles ressources ! Olivier m'a appelé plusieurs fois dans la descente mais je ne voulais pas, je ne pouvais pas répondre ! Il aurait fallu que je m'arrête que je sorte mon tel du sac, j'aurais perdu du temps je me serais peut être fait redoubler et c'était hors de question !!
Du coup quand j'ai atteint la route, en sueur, environ une heure 10 après avoir été bipée a Colorado alors que le chef de poste m'avait annoncé deux heures de descente, j'étais bien contente, bien vengée, mais Olivier et les enfants surpris et pas prêts pour le reportage photo et la petite course finale avec moi ! Mon appareil photo était plein, Fabien s'en était servi sans me le dire, scrogneugneu... Il a fallu que j'efface quelques photos tout en marchant pour pouvoir en avoir de mon arrivée !!
J'ai fait les derniers mètres sur le goudron sous les applaudissements avec encore un petit frisson dans le dos, puis le stade de la redoute était la !! Florent m'a accompagnée sur mon quart de tour de piste pendant que Fabien et Olivier assuraient le reportage.


62 heures et 19 minutes après Cap Méchant, j'étais FINISHEUSE du grand raid !!!
J'ai SURVECU et cette fois je comprends vraiment pourquoi ces deux mots sont inscrits sur le Tshirt finisher ...

Aujourd'hui, après avoir dormi pendant trois jours non stop, boité sur mon entorse de cheville pendant une semaine, végété pendant trois semaines, j'ai les points nécessaires pour m'inscrire à l'UTMB, je me sens soudain capable de faire un jour le Solu Khumbu Trail de mes rêves que je n'avais jamais envisagée de faire que comme accompagnatrice ... De nouveau horizons s'ouvrent devant moi... J'ai presque confiance en moi ...


C'est MAGIQUE !!!!

Un IMMENSE MERCI à tous ceux qui m'ont téléphoné, encouragée par SMS, soutenue, suivie, qui ont cru en moi, qui ont du coup participé à cette grande aventure en m'aidant à aller au bout, je vous adore...

 

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